Communiqué
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COVID-19 : Le commerce transfrontalier suspendu et des milliers de migrants bloqués en Mauritanie

COVID-19 : Le commerce transfrontalier suspendu et des milliers de migrants bloqués en Mauritanie

Nouakchott - Les milliers de Sénégalais et Maliens qui d’habitude fréquentent et animent les marchés de Sélibabi, au sud de la Mauritanie, ont aujourd’hui déserté. Confinés en Mauritanie depuis la fermeture des frontières le 25 Mars décidée par le gouvernement mauritanien dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, ils ne peuvent reprendre leur activité de commerce transfrontalier. On estime à plus de 1500 le nombre de migrants bloqués en Mauritanie, dont une majorité de Maliens et Sénégalais. Sans horizon clair, ils s’inquiètent pour leur avenir et celui de leurs proches.

« Je suis bloqué et je ne peux pas envoyer d’argent à mes parents et à mon épouse car je suis obligé d’utiliser cet argent pour manger et payer le loyer et les factures », confie Malick Mbengue, un Sénégalais confiné dans la ville de Sélibabi. « Pour l’instant, je ne peux plus subvenir aux besoins de ma famille au Sénégal, je suis au chômage technique », conclut-il.

Malick est père de trois enfants. Il est arrivé à Sélibabi en 2012 à l’âge de 29 ans comme travailleur ambulant. Depuis, il s’approvisionne en marchandises et vêtements à Dakar, la capitale du Sénégal. Son dernier voyage au pays remonte à deux mois, juste après la déclaration de la pandémie mondiale. Depuis lors, il est bloqué à Sélibabi.

A l’instar de la plupart des gouvernements dans la région, la Mauritanie a appliqué des restrictions aux frontières et aux mouvements internes afin de pouvoir contenir la propagation de la maladie. Mais le gouvernement a besoin d’être accompagné dans le renforcement des contrôles sanitaires aux points d’entrée, la sensibilisation des communautés, l’aide au personnel soignant et la protection des personnes les plus vulnérables à travers le pays.

Afin de soutenir les efforts engagés par les autorités locales pour combattre cette pandémie, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), apporte son soutien à la Mauritanie dans sa réponse COVID-19. Outre l’octroi de produits hygiéniques aux communautés et le don de matériels médicaux aux centres de santé à Nouakchott et Nouadhibou, l’OIM a dispensé des sessions d’information, de formation et de distribution d’équipements sanitaires aux agents de frontière ainsi qu’aux chefs de communautés.

« Ici en Mauritanie, tous les ressortissants sénégalais respectent les consignes et les mesures préventives mises en œuvre par le gouvernement mauritanien », ajoute Malick. Les dirigeants communautaires ont partagé leurs initiatives d’entraide prises par les communautés, notamment l’identification des personnes en situation de vulnérabilité ou encore la protection des migrants expulsés de leurs logements pour arriérés de paiement.

La protection de la santé publique et la prévention de cette pandémie passent également par une solidarité entre les populations. « Même si j’ai épuisé toutes mes économies et vit une situation des plus difficiles, j’appelle chacun à faire preuve de civisme et de responsabilité pour combattre ce virus.  J’espère pouvoir rendre visite à ma famille et reprendre le cours normal de mes activités », dit Doulo Samba, un commerçant sénégalais bloqué en Mauritanie.

Afin de préparer la réouverture des frontières et en appui au gouvernement mauritanien, l'OIM en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a également entamé la construction d’unités d'isolement le long des points de passage aux frontières, qui seront des outils essentiels dans la surveillance épidémiologique et la prévention de la propagation.

« Depuis mon arrivée ici, je ne fais rien, j’espère seulement que la frontière s’ouvrira sous peu, avec l’aide de Dieu, car cette maladie est à prendre avec sérieux. Je félicite les pays de la sous-région d’avoir pensé à la fermeture des frontières, malgré les conséquences négatives sur les populations migrantes en particulier », déclare Aminata Diallo, une migrante malienne qui a quitté Sélibabi pour rejoindre Bamako, et qui se retrouve aujourd’hui bloquée à la frontière entre la Mauritanie et le Mali.

Ce soutien de l’OIM au gouvernement mauritanien dans la lutte contre la COVID-19 a été financé par le Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union Européenne pour l’Afrique (EUTF) par le biais de l’Initiative conjointe UE-OIM pour le renforcement de la gestion des frontières, de la protection et de la réintégration des migrants en Mauritanie.