Communiqué
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Les oubliés de la migration

Les oubliés de la migration

Lorsqu’on parle de migration, l’intérêt est souvent porté sur le migrant et les difficultés qu’il rencontre en cours de route, dans le pays de transit de destination et d’origine. Mais qu’en est-il de la famille ? Comment supporte-t-elle le poids de la séparation, de la disparition, de la mort de leur enfant, parent ou conjoint ?

Les difficultés psychosociales ne sont pas seulement pour le migrant mais peuvent aussi toucher les membres de la famille. Par exemple, le migrant qui est en centre de détention et que les ravisseurs, sous la torture, obligent à appeler ses proches pour leur demander de payer sa rançon, peut créer une souffrance psychologique chez les membres de sa famille.

« D’un point de vue clinique nous pouvons également observer des troubles psychiques modérés ou plus sévères chez les proches du migrant qui résultent souvent en troubles du sommeil, en symptômes dépressifs ou anxieux, en troubles de l’humeur tels que la tristesse, la solitude, la perte d’appétit, le sentiment de culpabilité, et en crises d’angoisse », explique Gaia Quaranta coordonnatrice régionale en santé mental et soutien psychosocial à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Dans la nuit de mardi à mercredi 3 juillet 2019, le centre de détention des migrants à Tajoura, l’est de Tripoli, en Libye a été la cible d’une frappe aérienne, tuant plus de 50 migrants. La maman d’un des migrants détenus dans ce centre témoigne : « Je ne parvenais pas à dormir la nuit, je ne faisais que penser à lui ; et quand ma voisine qui a une télévision chez elle m’a parlée de l’attaque, j’ai passé toute la journée à pleurer ».

Au Mali, dans le cadre de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants, l’OIM organise des médiations familiales afin de favoriser le retour et l’accompagnement familial des Maliens.  

« Il ne faut pas seulement se concentrer sur l’individu mais il faut voir ce qui se passe dans la famille du migrant de retour. Les difficultés pour se remettre dans une dynamique familiale n’affectent pas que les migrants mais les proches aussi. Les médiations familiales permettent de faciliter le retour et de recréer les liens nécessaires pour une réintégration sociale réussie. Dans une prise en charge psychosociale efficace il faut toujours considérer le migrant dans sa globalité en utilisant une approche holistique afin d’identifier les besoins et de ceux de sa famille et au sens large de sa communauté d’origine. », dit Gaia Quaranta.

« Je suis très heureuse de revoir mon enfant, car il est parti sans nous dire exactement où il va. Au départ, je ne voulais plus le voir car, il nous a fait dépenser beaucoup d’argent pour ses sorties de prison. Mais quand, j’ai vu l’attaque à la télé, j’ai commencé à m’inquiéter du sort de mon enfant et des autres enfants. Je pardonne à mon enfant, il peut revenir en famille sans problème », témoigne la mère d’un migrant ayant participé à une médiation familiale.

Quel que soit le contexte, la situation des migrants peut avoir des effets dévastateurs pour les proches. A travers son projet sur les migrants disparus (Missing Migrants), l’OIM réalise une étude pilote avec les familles qui recherchent des migrants disparus le long de la route méditerranéenne centrale. Les résultats permettront de proposer des solutions qui répondront davantage aux besoins des proches, y compris à l’aide psychosociale dont ils ont besoin.