Confrontée au rejet de sa famille après la naissance de son bébé Heritage, Olanrewaju Ifemi a quitté le Nigéria en 2016, à l’âge de 23 ans, dans l’espoir de trouver une vie meilleure en Europe pour elle et sa fille de cinq ans.

Des amis qui avaient déjà fait le voyage vers la Libye et l’Europe ont fait savoir à Olanrewaju qu’elle n’avait besoin que de son passeport pour les rejoindre à l’étranger, sans mentionner qu’il lui fallait également un visa et un permis de travail valides. Elle et sa fille ont quitté le pays au su de sa famille, qui cependant ne connaissait pas les détails du voyage.

Olanrewaju et Heritage ont passé deux semaines à traverser le désert du Sahara avant d’atteindre la Libye, où elles ont été kidnappées. Elle a été exploitée et battue en présence de sa fille pendant plus de deux mois, jusqu’à ce que la police fasse une descente dans les locaux de ses ravisseurs, qui ont pu s’échapper.

« Ils ont percé le mur de la petite pièce, dans laquelle Heritage et moi étions enfermées. Voyant une possibilité d’évasion, nous avons immédiatement fui pour sauver nos vies », raconte Olarewaju, qui ne souhaite pas partager son expérience de captivité en Libye pour protéger sa fille.

Restant déterminée à atteindre sa destination, l’Europe, Olanrewaju a rencontré un compatriote nigérian qui a eu de la compassion pour elle et a accepté de payer ses frais pour la traversée de la Méditerranée avec son enfant. « Lorsque nous sommes arrivés à bord du bateau gonflable, à ce moment-là, j’ai su qu’il n’y avait pas de retour possible, j’étais déterminée à le faire pour le bien de mon enfant ».

Trouver le courage de sauver la vie

Tout en craignant pour sa vie et celle de son enfant, qu’ils ne se noient en mer, Olanrewaju, a trouvé la force d’aider une femme à accoucher au milieu du chaos sur le bateau. « Je ne pouvais pas supporter de la voir souffrir. En tant que mère moi-même, je sais ce qu’elle ressentait, et n’avoir personne pour la soutenir à ce moment-là était terrifiant », expliquant comment elle a trouvé le courage d’agir dans ce moment de désarroi. Heureusement, ils ont été secourus par une équipe de secours italienne et ont été transférés dans un camp pour recevoir une assistance médicale.

Après avoir passé six mois dans ce camp, ils ont quitté l’Italie. « J’ai dû me rendre en Allemagne, car je ne me sentais pas en sécurité et je n’avais pas la liberté de me déplacer en Italie, même après avoir obtenu des documents d’identité ». Les choses ne se sont pas passées comme elle l’avait prévu, même après son déplacement en Allemagne. Elle n’a pas pu trouver un emploi pour s’occuper d’elle et de son enfant, car elle n’avait pas les bons documents ni de permis de travail. La plupart du temps, ils avaient à peine de quoi manger, et sa fille tombait malade. Olanrewaju et son enfant sont restés en Allemagne pendant six mois.

Retour, réintégration et projets d’avenir

Olanrewaju a décidé de rentrer au Nigéria en 2019. « J’ai senti que je pouvais faire mieux dans mon pays. J’avais besoin de revenir et de prendre soin de mon enfant là où je peux me permettre de le faire moi-même ».

Avec le soutien de l’OIM, elle a été aidée à démarrer un commerce au Nigéria où elle vend des produits alimentaires de base. L’OIM lui a également fourni les informations nécessaires et l’a formée à la gestion d’entreprise afin d’améliorer son activité. Grâce aux revenus qu’elle en tire, Olanrewaju peut subvenir aux besoins de sa fille. Heritage, qui a maintenant dix ans, a été inscrite dans une école primaire grâce au soutien de l’OIM.

Olanrewaju a toujours l’intention de se rendre à l’étranger en empruntant des voies de migration sûres. Ce premier voyage lui a donné une leçon, qui, espère-t-elle, découragera d’autres personnes de se rendre à l’étranger par des moyens irréguliers : « J’ai survécu à la première tentative de suicide, en voyageant par la route du désert, je n’essaierai pas à nouveau. J’obtiendrai mon visa valide et tout autre document nécessaire avant de voyager ».

 

Olarewaju and Heritage returned back to Nigeria in 2019. © IOM 2021 / Fatima Adamu-Adeyemi
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES