Avec près d’un demi-million d’habitants, Hodh Ech Chargui est la deuxième région la plus peuplée de Mauritanie. Située dans le désert, à l’est du pays, la région est confrontée à une multitude de problèmes d’accès à l’eau. Les faibles précipitations de ces six dernières années et l’instabilité dans le nord du Mali voisin ont empêché les éleveurs de traverser la frontière pour vendre leur bétail dans le pays.

Hodh Ech Chargui a accueilli environ 67 000 réfugiés, déplacés par la rébellion armée dans le nord du Mali et le coup d’État militaire en janvier 2012. Ce flux de réfugiés avec leur bétail met une pression supplémentaire sur les pâturages et les points d’eau. Cette pression sur les ressources naturelles précaires entraîne une multiplication des conflits entre communautés pour l’accès aux ressources naturelles.

L’OIM et ses partenaires ont mis en place 134 comités villageois pour atténuer les conflits entre les communautés. Dans le cadre du projet du Fonds pour la consolidation de la paix (PBF), qui a fourni un soutien axé sur le dialogue et la réconciliation au Mali, les comités villageois ont bénéficié d’un renforcement des capacités pour la résolution des conflits et le développement socio-économique des villages.

Ebbe Saleck Mohamed Moctar, le président du comité villageois de Hassy Lebyadh, encadrer les éleveurs transhumants qui venaient au point d’eau de son village. Photo : OIM 2022/Ciré Ly

Dans le village de Hassy Lebyadh, Ebbe Saleck Mohamed Moctar est le Président du comité depuis 2018, et a joué un rôle crucial sur la résolution des conflits et l’intégration sociale. Il a suivi une formation organisée par l’OIM sur la gestion des conflits, la gestion des frontières, la prévention de l’extrémisme violent et le leadership communautaire. Il décrit un incident que son village a réussi à résoudre grâce à son comité :

« Malheureusement, un vol de chèvre a été signalé dans notre village Hassy Lebyadh. La personne responsable du vol a été identifiée et a été convoquée par le comité. Il a accepté de payer le prix de la chèvre au propriétaire qui est un réfugié vivant dans le village, et lui a présenté ses excuses. Le propriétaire a accepté de retirer sa plainte. Pour résoudre ce problème, nous avons mis en pratique les leçons apprises lors des ateliers de formation sur la gestion des conflits. Avec cet exemple concret, tous les membres du comité ont compris l’importance de ces formations ».

Le comité villageois de Hassy Lebyadh est composé de membres de la communauté ainsi que de réfugiés du camp de réfugiés voisin de M’bera. C’est le cas de Tiya Welt Ahmed, une veuve originaire de Kala au Mali qui a trouvé refuge à Hassy Lebyadh avec son jeune frère.

« En 2012, à la suite du décès de mon mari tué par un groupe armé, j’ai fui vers le camp de réfugiés de M’bera, puis vers Hassy Lebyadh avec mon jeune frère. Nous avons été accueillis par Ebbe. Il nous a offert un espace dans le jardin du village pour nous permettre d’avoir des revenus grâce à l’agriculture. Tout se passe bien depuis que je me suis installée, les gens de la communauté m’aident beaucoup à cultiver ce champ, ils me considèrent comme leur sœur ».

Le projet du Fonds pour la consolidation de la paix vise à autonomiser les femmes et les enfants qui ne sont pas systématiquement inclus dans les processus décisionnels stratégiques de leur communauté.

Khaliah est l'un des membres de la coopérative qui ont été formés à la teinture Melahafa, elle vend ses voiles teintes à la boutique de la coopérative. Photo : OIM 2022/Ciré Ly

Dans une étude menée en 2021, l’OIM a identifié le besoin de développer des activités génératrices de revenus dans le domaine des moyens de subsistance pour réduire les vulnérabilités des jeunes dans les zones frontalières de Hodh Ech Chargui.

En partenariat avec l’ONG locale SOS Désert, l’OIM a proposé des activités génératrices de revenus et des formations à 250 personnes âgées de 15 à 35 ans dans deux villages.

Mohamed Zanka, âgé de 32 ans, représente l’association de jeunes de son village de Koussana, l’un des deux sites d’activités génératrices de revenus, où il gère un entrepôt d’aliments pour animaux. « La plupart des villageois ont des ruminants, ils devaient se rendre à Bassiknou pour obtenir des aliments de bétail, et parfois cela pouvait prendre toute la journée pour le trajet. Avec ce magasin, nous pouvons fournir directement ces aliments. Maintenant, mes camarades et moi avons une activité où nous pouvons aider les membres de la communauté ».

Le projet a également permis de fournir une formation à une coopérative de femmes sur les soins de beauté, notamment la teinture Melahafa, la coiffure et les soins de la peau.

« SOS Desert nous a formés sur des aspects sur lesquels nous n’avons pas l’habitude de travailler, chaque membre de la coopérative a maintenant une compétence qu’il pourra utiliser à l’avenir. Au lieu d’aller jusqu’à Bassiknou pour des soins de beauté, les femmes des villages environnants viennent dans notre boutique », indique El Ajmiye Himalay, représentante de la coopérative des femmes et mère d’un enfant de deux ans.

SDG 8 - TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
SDG 16 - PAIX, JUSTICE ET INSTITUTIONS EFFICACES