Un groupe de femmes pendant une session de formation en classe au centre de formation de l’OIM à Sumbuya, dans le district de Bo, au sud de la Sierra Leone. © OIM 2022/Alfred Fornah

Découvrez l’histoire de Maseray et Lucinda qui ont défié les normes liées au genre en Sierra Leone pour s’aventurer dans des domaines que beaucoup de personnes dans le pays considèrent comme des « carrières d’hommes ». En effet, la plupart des emplois en Sierra Leone concernant les engins lourds sont occupés par des hommes. Les techniciens de véhicules, les mécaniciens et les emplois dans la mécanique agricole, la construction de routes et les secteurs miniers sont des professions largement dominées par les hommes.

Maseray King, 26 ans, originaire du village de Hanga, à Bo, est passionnée par l’acquisition de compétences techniques et le soutien aux autres jeunes femmes de sa petite communauté.

« Mon rêve est de devenir conductrice de tracteur certifiée et ingénieure qui donnera à d’autres jeunes les moyens d’acquérir des compétences en matière de conduite de tracteurs et d’utilisation d’autres engins agricoles », explique Maseray. « Avec ces compétences, je pense pouvoir soutenir l’agriculture et contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire », ajoute-t-elle.

Grâce au programme de formation à la conduite de tracteurs, Maseray est sur la voie de valoriser son potentiel. La formation au fonctionnement et à l’entretien de base des tracteurs fait partie d’un projet de grande envergure de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour l’autonomisation des jeunes en Sierra Leone, qui cible 2 000 jeunes dans cinq des 16 districts du pays.

L’initiative du projet est née de la volonté de l’OIM d’autonomiser et d’équiper les jeunes de Sierra Leone de compétences techniques et professionnelles, ainsi que de compétences entrepreneuriales, afin de les dissuader de s’embarquer dans le « Temple Run », terme argotique pour désigner la migration irrégulière.

Soixante pour cent (60 %) des jeunes du pays sont au chômage. Associée à la question de l’exode rural, la migration transnationale est devenue un exutoire pour les jeunes Sierra-Léonais et Sierra-Léonaises qui cherchent des solutions à l’absence d’opportunités dans leur pays. Comme Maseray, beaucoup de ces jeunes sont à la recherche d’un emploi, mais certains n’ont pas les compétences leur permettant de trouver un emploi. Le manque de compétences techniques est l’une des nombreuses raisons du taux élevé de chômage des jeunes en Sierra Leone. Et dans une large mesure, le chômage est l’un des facteurs qui poussent les jeunes à chercher du travail à l’étranger, généralement par le biais de la migration irrégulière.

Pour stimuler l’emploi des jeunes et lutter contre la migration irrégulière, l’OIM a lancé un projet d’autonomisation des jeunes en 2019. Avec le soutien du Gouvernement du Japon, le projet contribue désormais à l’autonomisation des jeunes et des femmes par le biais de formations techniques et de compétences professionnelles et de l’entrepreneuriat.

Maseray aspire à devenir une technicienne certifiée et conductrice de tracteur. © OIM 2022/Alfred Fornah

L’histoire de Maseray. Lorsqu’elle passe son examen de fin d’études secondaires, elle ne remplit pas toutes les conditions requises pour être admise dans une université du pays. Elle a donc décidé de chercher une formation technique à la place. Lorsque l’OIM et le Ministère de la Jeunesse ont présenté aux jeunes l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences, elle l’a saisie.

Maseray fait maintenant partie des 200 jeunes qui ont reçu une formation intensive de trois mois sur le fonctionnement et l’entretien de base des tracteurs. Elle a été l’une des meilleures élèves de la formation et s’est récemment vu proposer un stage chez Sierra Tropical Limited, l’une des plus grandes entreprises agroalimentaires de Sierra Leone.

« Au début, lorsque j’ai décidé de suivre la formation, certaines de mes amies se sont moquées de moi. Certaines disaient que la conduite d’un tracteur était un travail d’homme et que je devais chercher d’autres programmes », raconte Maseray. « Même certains stagiaires hommes pensaient qu’ils pouvaient faire mieux que les femmes », ajoute-t-elle.

 

Grâce au programme TVET/entrepreneuriat, l’OIM offre aux jeunes femmes un espace pour acquérir des compétences techniques © OIM 2022/Alfred Fornah

22-year-old Lucinda Sam was the only female applicant and participant of the first batch of the Grader Operation and Maintenance Training Programme. Despite pursuing political science at Njala University, Lucinda still believes in acquiring new technical skills that will make her employable.

Lucinda Sam, 22 ans, était la seule femme candidate et participante de la première promotion du programme de formation à la conduite et à l’entretien des niveleuses. Bien qu’elle poursuive des études de sciences politiques à l’université de Njala, Lucinda croit toujours en l’acquisition de nouvelles compétences techniques qui lui permettront de trouver un emploi.

Lucinda a exprimé sa joie de faire partie de la formation sur la conduite de niveleuse offerte par l’OIM. « Je me sens très fière et excitée de participer à cette formation. J’apprends beaucoup, car j’aspire à devenir une conductrice de niveleuse senior afin de rivaliser avec les hommes pour les emplois techniques dans la construction routière, l’entretien et l’agriculture ».

Il est difficile pour de nombreuses femmes de s’épanouir dans une société remplie de stéréotypes sexistes. Pour réaliser leurs rêves, des femmes comme Lucinda et Maseray prennent des mesures ambitieuses pour surmonter les barrières des normes sociétales.

« Dans une certaine mesure, même les membres de la famille veulent vous empêcher d’explorer des opportunités dans un domaine dominé par les hommes. Lorsque j’ai commencé à suivre les cours de la formation de niveleuse, mon oncle était parmi ceux qui m’ont découragée de ne pas poursuivre la formation parce qu’il pensait que la formation était réservée aux hommes », explique Lucinda. Malgré toutes ces idées, elle a senti qu’elle devait poursuivre le programme de formation.

Au départ, lorsque la formation sur la conduite des tracteurs et les niveleuses a débuté, seules quelques femmes se sont inscrites. L’OIM et le Ministère de la Jeunesse ont encouragé davantage de femmes à s’inscrire au programme par le biais de sessions d’information communautaires et d’engagements médiatiques à Bo, Kailahun, Kono et Freetown. Après ces engagements, le nombre de participantes a augmenté. Jusqu’à présent, un total de 62 jeunes femmes ont été formées au fonctionnement et à l’entretien de base des tracteurs et des niveleuses.

« À l’OIM Sierra Leone, l’autonomisation des femmes est au cœur de nos programmes de stabilisation communautaire. Dans le cadre du projet de formation technique et professionnelle (TVET) et d’entrepreneuriat de l’OIM, les femmes acquièrent des compétences qui leur permettent de répondre à la demande du marché du travail. Nous leur offrons également des opportunités par le biais de formations à l’entrepreneuriat, de mentorat et de kits de démarrage pour lancer leurs entreprises », déclare le Dr James Bagonza, Chef de bureau de l’OIM en Sierra Leone.

En partenariat avec l’Organisation internationale du Travail, la Commission nationale de la Jeunesse et le Ministère de la Jeunesse, l’OIM a formé 240 jeunes, dont 143 jeunes femmes, à l’entrepreneuriat et les a aidés à créer leur entreprise. En outre, 78 femmes ont reçu une formation pour des emplois dans le secteur de la pêche et 100 pour des compétences dans le secteur de l’hôtellerie. Dans le cadre du même projet, 33 jeunes femmes membres de groupes de collecte de déchets à Freetown ont reçu une formation sur l’entrepreneuriat et la gestion durable des déchets.

Toutes ces initiatives de renforcement des capacités et ces programmes d’autonomisation des jeunes visent à fournir des emplois aux jeunes, y compris aux femmes vulnérables, tout en leur offrant des alternatives à la migration irrégulière.

À l’instar de Maseray et Lucinda, d’autres femmes bénéficiaires du projet sont également déterminées à réussir malgré les stéréotypes liés au genre.

« J’ai l’intention de transformer mon activité en une entreprise. Et cela est réalisable avec du dévouement et un travail acharné », déclare Sarah Blessing Kargbo, PDG de Success Waste Cleaning Services. Grâce au programme d’autonomisation des jeunes de l’OIM, Sarah a été formée et a reçu un tricycle motorisé, qu’elle utilise pour se créer un revenu, tout en contribuant à la gestion durable des déchets à Freetown.

Cette histoire a été écrite par Alfred Fornah, Assistant en communication et relations publiques, OIM Sierra Leone, Email: afornah@iom.int, Tél. : +23277908976.

SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES