Assis sur le dos d’un âne, Boubacar Diallo nous accueille le sourire large devant son champ qui se trouve en bord de route à Djinkoré Baba Gallé, un petit village situé à l’est du Sénégal. Dès que nous franchissons la porte de son domaine nous sommes interpellés par le bruissement des poulets qui sont en train de se nourrir dans l’exploitation avicole qui jouxte son beau et grand périmètre maraicher très captivant du fait de sa verdure. Âgé de vingt-quatre ans, Boubacar Diallo est un entrepreneur agricole. Il possède deux champs. L’un est dédié à la grande culture alors que l’autre lui permet de faire du maraîchage et de l’aviculture.  

Aussi longtemps qu’il s’en souvienne, Boubacar pratiquait l’agriculture saisonnière et à la fin de chaque campagne, il se déplaçait vers les villes de Saint Louis et Kayar pour s’adonner à des activités avicoles ou maraîchères. Pourtant, Boubacar avait de plus grandes ambitions, il voulait mieux réussir. Ainsi, en 2018, à l’âge de vingt ans, il quitte le Sénégal avec l’objectif de rejoindre l’Europe en passant par la Lybie. Mais hélas, il est stoppé dans son élan lorsqu’il est arrêté par la police algérienne puis conduit à la frontière du pays avec le Mali. Dès lors, il n’y avait qu’une seule solution envisageable pour ce jeune : le retour. Donc, en 2020 il décida de rallier la ville de Gao pour rentrer dans son pays d’origine. C’est là-bas qu’il est pris en charge pendant une semaine par la Croix Rouge Internationale qui le mit en rapport avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) qui fit le nécessaire pour permettre à Boubacar de bénéficier d’un retour volontaire au Sénégal et d’une assistance à la réintégration.

Boubacar Diallo : Une réintégration réussie avec brio. Photo : OIM Sénégal 2022

Lors de sa réintégration à travers « l’initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants de retour », Boubacar met en place une micro-entreprise agricole. Il fait de la grande culture en semant du mil, du maïs, de l’arachide et du coton. Cette activité saisonnière est une grande réussite car elle lui permet de subvenir aux besoins de sa femme et de ses parents mais aussi de financer l’achat de nouvelles semences. En revanche, étant un entrepreneur dans l’âme, Boubacar est conscient que l’agriculture saisonnière ne dure que quatre mois sur douze et qu’il lui reste huit autres mois pour optimiser ses gains. De ce fait, en 2021 il a jugé nécessaire de diversifier ses activités en se lançant dans le maraichage et l’aviculture.

Aujourd’hui, Boubacar parvient à être actif tout au long de l’année et à tirer profit de son business. « Je parviens aujourd’hui à subvenir à mes besoins et à celles de mes proches. Je suis aussi très utile à ma communauté » dit-il l’air fier et réjoui.

La consolidation des acquis pour faire de Boubacar un entrepreneur à succès. Photo : OIM Sénégal 2022

Le lancement du projet qui fournit un appui intégré à des petites et micros entreprises de migrants de retour dans la région de Tambacounda arrive à point nommé pour Boubacar. L’accompagnement dont il bénéficie dans ce cadre s’articule autour de formations techniques en agroalimentaire, d’une assistance à l’incubation de son projet entrepreneurial, d’un appui financier et matériel ainsi que d’un soutien à la participation à des activités de réseautage. D’ailleurs, c’est dans cette perspective que Boubacar a participé à des foires de l’emploi sur l’agriculture et l’entrepreneuriat qui l’ont vivement marqué. « Prendre part à ces événements a renforcé ma conviction selon laquelle je peux réussir dans mon pays. J’ai rencontré et échangé avec des personnes qui sont parvenues à bâtir des entreprises agricoles et à développer leurs gains. Il existe donc vraiment des opportunités de réussite au Sénégal. » dit Boubacar.

Boubacar est tout autant optimiste quant au soutien qui lui est apporté à travers ce projet : « Ce projet est utile ! Il nous permet à moi et à tous les bénéficiaires de nous structurer et de comprendre tous les enjeux liés aux activités de nos entreprises pour mieux les pérenniser et les développer. De plus, nous sommes encadrés par des professionnels compétents et bénéficierons sous peu d’un appui matériel et financier. Donc, que demander de plus… ». L’avenir s’annonce radieux pour Boubacar, qui, rempli d’espoirs ambitionne de relancer l’employabilité des jeunes de sa région et servir de modèle pour les inciter à investir, travailler et réussir chez eux.

L’OIM contribue à la création d’opportunités économiques et d’emplois productifs pour les personnes migrantes de retour et les jeunes au Sénégal dans le cadre du projet « Consolidation des acquis en matière de réintégration des personnes migrantes de retour au Sénégal à travers un appui intégré aux petites et micros entreprises », financé par la République Tchèque. OIM Sénégal accompagne, entre autres, vingt migrants de retour devenus entrepreneurs agricoles dans la région de Tambacounda.

Cette histoire a été écrite par Abdoulaye Mamadou Soukouna, assistant de projet (Communication) au sous bureau de Tambacounda.

SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 8 - TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE