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Qui sommes nous
Qui sommes nousL'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait partie du système des Nations Unies et est la première organisation intergouvernementale à promouvoir une migration humaine et ordonnée qui profite à tous. L'OIM est présente en Afrique de l'Ouest et du Centre depuis 1998.
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OIM Global
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Notre travail
Notre TravailEn tant que principale organisation intergouvernementale qui promeut une migration humaine et ordonnée, l'OIM joue un rôle clé pour soutenir la réalisation du Programme 2030 à travers différents domaines d'intervention qui relient à la fois l'aide humanitaire et le développement durable.
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Oumou*, une trentenaire vivant à l’est du Sénégal, souhaitait exercer son activité d’esthéticienne en Europe. Avec son amie d’enfance Racky, elles avaient toujours rêvé de connaître des lendemains meilleurs. C’est ensemble, qu’elles ont décidé de prendre la direction de l’Europe.
Si l’aventure migratoire a été extrêmement éprouvante pour les deux femmes, jamais leur amitié n’a été remise en cause. Au contraire, elles sont restées soudées du début à la fin, prenant toujours la défense l’une de l’autre. Le lien indéfectible qui les unit se remarque immédiatement. D’ailleurs, à l’époque où je les ai rencontrées et accompagnées dans le cadre de leur réinsertion économique, elles partageaient le même numéro de téléphone.
Désormais, je connais bien Oumou et Racky. Nos retrouvailles, se déroulent donc dans une ambiance amicale. Assises côte à côte, elles arrivent à me relater leur douloureuse histoire avec un sourire rassurant. Je vous laisse deviner toute de suite qu’on a affaire à de fortes dames.
Il y a quelques années de cela, les deux amies entreprennent de regagner l’Italie en passant par la Tunisie. Sur place, elles sont accueillies par l’oncle de Racky qui les héberge pendant quelques jours. Les jeunes femmes patientent dans l’attente d’embarquer sur un bateau de « croisière ». Un soir, l’oncle de Racky, leur demande de faire leurs bagages, en affirmant qu’un bus va les conduire à destination. Réjouies, elles rejoignent ce qui s’apparente à un petit camion rempli d’hommes.
Au bout de quelques heures de route, des hommes leur demandent de descendre de la camionnette, en plein désert, dans un lieu sans aucune trace de vie humaine. Déboussolées, elles s’exécutent et attendent le lever du soleil. Elles sont ensuite pourchassées par des bandits qui tirent sur elles. Par miracle, elles aperçoivent un car et négocient avec le conducteur, qui consent à les transporter jusqu’en Lybie, en échange de 300 000f.
Arrivées en Lybie, elles embarquent à bord d’un navire de fortune et sont interceptées par l’armée côtière italienne. Elles sont rapidement reconduites en Lybie, où elles sont détenues en prison, pendant exactement un mois et cinq jours, jusqu’à ce qu’un proche paie leur caution. Une fois libres, les deux jeunes femmes décident de travailler comme femme de ménage pour subvenir à leurs besoins et payer leur voyage retour chez l’oncle vivant en Tunisie.
La somme nécessaire réunie grâce à leur travail acharné, est utilisée pour payer un passeur. Ce dernier livre les jeunes femmes à des agresseurs qui les séquestrent dans des chambres séparées. Oumou explique : « Un des gars m’a frappé et a demandé de lui donner tout ce que j’avais avec moi. J’ai refusé, il a cassé une bouteille et a pris un tesson en menaçant de m’égorger si je ne lui donnais pas ce qu’il demandait. J’ai été obligée de lui donner toutes mes économies gagnées durant les six derniers mois. »
Désespérées, après de multiples tentatives infructueuses et dangereuses, Oumou et Racky décident de contacter l’ambassade du Sénégal en Libye, afin d’être rapatriées. En cours de route, elles croisent un compatriote qui leur parle de l’OIM, « une organisation qui aide les migrants irréguliers à retourner dans leur pays d’origine en leur fournissant une assistance psychosociale, sociale et économique. » Elles se déplacent jusqu’aux locaux de l’Organisation et entament les procédures nécessaires pour rentrer au Sénégal.
Dès leur arrivée, et avant même de bénéficier de la totalité de l’assistance économique, elles démarrent un petit commerce de vente d’éventails et de foulards africains qu’elles confectionnent sur mesure. Puis, une fois l’assistance économique perçue entièrement, elles développent ensemble une activité de vente de tissus et d’esthétique. Racky et Oumou se sont fait un beau carnet d’adresses grâce à leur talent de maquilleuse, et sont souvent sollicités pour relooker des mariées. En plus du maquillage, elles réalisent des prestations de coiffure, de tatouage éphémère, de pose d’ongles et de cils. Les deux amies adorent ce métier qui leur permet d’exprimer leur créativité et leur passion en prenant soins des femmes et de leur apparence. Lorsque les rentrées d’argent se font rares, les jeunes femmes se déplacent dans les villages avoisinants pour écouler leurs marchandises. Oumou s’est aussi lancée dans la vente de glaces, car c’est une activité très lucrative dans sa région qui connaît des températures particulièrement élevées. Chaque nuit, Oumou prépare soigneusement ses glaces, pour les vendre la journée.
Aujourd’hui, les deux amies ne rêvent plus d’Europe. Elles souhaitent ouvrir un institut de beauté et une grande boutique de vente de tissus. Elles ont foi en ce projet, et se donnent toutes les chances d’y arriver.
En quittant Racky et Oumou, je mesure l’importance que l’amitié a eue dans leur histoire. Je garde précieusement en mémoire les mots de Racky et je voudrais vous les partager : « Je n’en reviens toujours pas qu’on ait traversé tout ça. Nous qui voulions seulement voyager pour subvenir à nos besoins et ceux de nos familles, on s’est retrouvé en prison, pourchassées et agressées par des bandits. Mais heureusement qu’on était deux à affronter ces situations, sinon le pire aurait pu arriver. »
* Afin de protéger l’identité des personnes citées, des pseudonymes ont été utilisés.
Cet article a été écrit par Seynabou DIALLO, facilitatrice au Sénégal.