La renaissance d'Hamidou, un entrepreneur déterminé à servir d’exemple

En ce jour d’hivernage, Hamidou Traore, entrepreneur agricole dans la région de Tambacounda, s’active. En effet, le jeune homme cultive à grande échelle des céréales locales : arachide, maïs, niébé et manioc. Ses yeux rieurs laissent entrevoir la fierté et l’émotion qu’il ressent, car il y a cinq ans, sa vie était bien différente.

Propriétaire d’une grande boutique dans son village de Koar (Région de Tambacounda), il décide de rejoindre ses frères en Europe. Le jeune homme plein d’espoir, espère réussir professionnellement en traversant la Méditerranée.

Passé par le Mali, il parvient, non sans difficultés, à atteindre la Libye. Il y travaille comme boulanger lorsqu’il est victime d’un passeur qui lui promet d’entrer en Europe. Hamidou se retrouve, en réalité, séquestré et subit toutes sortes de violences, maltraitances et tortures.

Sans nouvelles de sa famille et affaibli par le traitement inhumain qu’on lui inflige, Hamidou sombre dans le désespoir : « Je regrettais d’avoir quitté mon village. En Lybie, j’étais déjà mort, mais Dieu a voulu que je vive. »

Au bout d’un an, le jeune homme est miraculeusement libéré par ses tortionnaires et parvient à entrer en contact avec l’OIM. Il décide de rentrer au Sénégal dans le cadre de l’assistance au retour volontaire de l’initiative conjointe UE-OIM .

Arrivé à Koar, Hamidou pense retrouver la quiétude qui était la sienne avant son départ. Malheureusement, il doit faire face aux regards désapprobateurs de ses proches : « Avec tout le traumatisme que j’avais vécu en Libye, s’est ajouté le rejet de ma famille. Même ma femme est rentrée chez elle, deux semaines après mon retour, amenant les enfants avec elle », raconte-t-il.

Pour se ressourcer, Hamidou se rend, chaque fois qu’il en a l’occasion, auprès des vieux du village sous l’arbre à palabre. C’est un lieu d’information essentiel où toutes les décisions importantes se prennent. Ces moments de discussion lui permettent de surmonter le rejet et se reconstruire peu à peu.

Hamidou reçoit également des visites à domicile de la part de représentants du bureau sous-régional de l’OIM à Tambacounda. Afin de l’aider à surmonter ses traumatismes et retrouver une place dans sa communauté, un appui psychosocial est fourni à Hamidou. L’OIM organise également des séances de médiation et d’échanges entre le jeune homme et ses parents. Ce soutien régulier lui permet de retrouver confiance en lui et d’améliorer ses relations familiales.

L’appui financier qu’il perçoit de l’OIM, permet à Hamidou de rouvrir sa boutique d’alimentation générale et retrouver sa place dans la communauté. « Cette boutique marche mieux que celle que j’avais avant de partir. Grâce à l’argent économisé, j’ai pu clôturer mon champ de manioc et acheté du matériel agricole. Actuellement, avec mes trois exploitations agricoles et ma boutique, j’arrive à soutenir ma famille et faire travailler certains jeunes de ma localité », explique Hamidou.

En 2022, Hamidou participe à des formations techniques en agroalimentaire ainsi qu’à des activités d’incubation et de réseautage, dans le cadre du projet « Consolidation des acquis en matière de réintégration des personnes migrantes de retour au Sénégal à travers un appui intégré aux petites et micros entreprises » financées par la République Tchèque et mises en œuvre par l’OIM. Avec vingt autres jeunes migrants de retour, originaires de Tambacounda, il bénéficie d’un appui pour promouvoir la création d’opportunités économiques, productives et durables. 

L’entrepreneur reçoit aussi un soutien de l’OIM pour participer à la Foire internationale de l’agriculture et des Ressources Animales et la Foire de l’emploi vert, organisées à Dakar et Tambacounda. « Ces événements m’ont montré que l’entreprenariat est la voie que je souhaite emprunter pour rayonner. Les contacts que j’ai pris me permettront de renforcer mes liens avec des entrepreneurs comme moi », précise Hamidou.

Hamidou ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, il est déterminé à devenir un entrepreneur à succès et servir de modèle de réussite pour la jeunesse sénégalais