Le 22 juillet 2024 était une journée tragique de plus dans le mouvement migratoire, au large des côtes mauritaniennes. Toute la journée durant, les gardes côtes étaient à la recherche de rescapés dans l’espoir de sauver des vies après un accident de pirogue en mer avec plusieurs centaines de migrant. Mamadou JARRA survivant de ce tragique événement témoigne:

“Nous étions très nombreux dans cette pirogue, elle comprenait deux niveaux. J’estime notre nombre à peu près 250 personnes, tous entassés les uns sur les autres” affirme-t-il avec émotion. “ trois jours après avoir quitté la Gambie, aucun de nous ne pensait pouvoir sortir de là vivant, on entendait le bois de la pirogue craquer en dessous de nos jambes, tout le monde était pris de frayeur". Ajoute-t-il.

Après une semaine en mer, Mamadou JARRA et les autres embarqués ont été secourus par les garde-côtes mauritaniens prêt des côtes à Nouakchott : " lorsque nous avons aperçu la terre ferme, tout le monde a été pris de panique, nous nous sommes tous retrouvés d'un côté de la pirogue, ce qui a causé l’accident et la noyade de plus de la moitié de l'embarcation" affirme -t-il, " J'ai moi-même perdu deux de mes proches dans cet affolement, le corps de l'un d'entre eux est toujours introuvable". Mentionne-t-il 

Loin d'être un événement isolé, Mamadou Jarra et ses compagnons font partie des milliers de personnes qui débarquent chaque année sur les côtes mauritaniennes, dans l'espoir de rejoindre les iles Canaries, synonyme d'une vie meilleure pour beaucoup de jeunes ayant entrepris ce chemin périlleux qu'est la route de l'Atlantique. 

Photo de Mamadou JARRA prise sur son lieu d'hébergement fourni par l’OIM Mauritanie. Photo: OIM Mauritanie

Les raisons qui poussent ces migrants à emprunter ce chemin périlleux de la route maritime atlantique sont multiples, toutefois, elles convergent toutes à un seul objectif : la cherche d’une vie meilleure. “Je voulais aider mes parents, ils ont pris de l’âge et ils ont besoin de soutien. Je ne supportais pas de rester impuissant face à cela, je veux m’occuper d’eux” raconte Mamadou. Un autre survivant du naufrage du 22 juillet abonde : “j’appartiens à une famille très modeste, je travaillais comme technicien du bâtiment certes, mais mes revenus étaient insuffisants pour soutenir ma famille, c'est ce qui a motivé ma décision".  

Mamadou était commerçant, il gagnait dignement sa vie en important de la marchandise qu'il revendait ensuite dans les marchés locaux de sa ville, c'est sous la pression et l'influence de son entourage qu'il décide migrer.

"On m'a fait croire que l'Europe m'offrirait de meilleures opportunités. Quelqu'un m'a parlé d'une pirogue prête à prendre la mer, et j'ai investi toutes mes économies dans l'espoir de réussir ce voyage." confie-t-il

Après avoir été secourus par les garde-côtes mauritaniens les équipes protection de l’OIM étaient présent sur les lieux pour porter assistance aux rescapés, elles se sont déployées auprès des garde-côtes pour identifier et référencer les cas médicaux auprès des hôpitaux ainsi que pour apporter une assistance directe. Au terme de cet épisode traumatisant, les survivants, dont Mamadou Jarra, ont bénéficié d'un hébergement en attendant leur retour volontaire dans leur pays d'origine. 

Photo de Mamadou JARRA prise à l’aéroport de Nouakchott lors de son départ volontaire. Photo: OIM Mauritanie

Le manque d’opportunités économiques adéquates dans les pays d’origine et l’instabilité politique dans la sous-région sont des facteurs qui accentuent les flux migratoires dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. La Mauritanie, en raison de sa situation géographique stratégique sur la côte Atlantique, est souvent utilisée comme point de passage par les migrants, en particulier pour ceux qui tentent de rejoindre les îles Canaries ou l'Europe. 

Dans ce contexte, l'OIM continue d'assister les migrants débarqués par une assistance directe et l’accompagnement au retour volontaire, et à travers le Programme de Protection, de Retour et de Réintégration des migrants (MPRR-SSA) financé par l’Union Européenne, couvrant 16 pays en Afrique subsaharienne, qui a permis à Mamadou et 43 de ses compatriotes de rentrer dans leur pays d'origine en toute sécurité et dignité. “malheureusement j’ai vendu toutes mes marchandises et mis l’entièreté de mes économies dans ce voyage, cependant je suis content d’avoir cette nouvelle chance de repartir à zéro” raconte Mamadou. 

Histoire écrite par Kalidou Diagana, OIM Mauritanie

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