Agadez/Niamey, 11 octobre 2023 – Au Niger, le temps passe lentement pour les migrants accueillis dans les centres de transit gérés par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Certains trouvent du réconfort dans une partie de football ou s'essaient au basket-ball ou au volley-ball. Quelques-uns choisissent de regarder la télévision, tandis que d'autres se plongent dans la musique, un jeu de société ou un livre pour échapper à l'attente interminable qui a fini par définir leur vie quotidienne.

Plus de 5 000 migrants originaires de plus de 25 pays se trouvent actuellement dans les centres de transit de l'OIM au Niger. Bien que chacun d'entre eux ait une histoire unique, ils sont réunis par un destin similaire. Une fois que leurs rêves de migration ont été interrompus, ils se sont retrouvés bloqués au Niger, confrontés à l'incertitude due aux bouleversements politiques qui ont secoué le pays en juillet.

Les 5 700 kilomètres de frontières du Niger, qui s'étendent sur sept États voisins, placent le pays au carrefour des routes migratoires de l'Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. Le pays est un point d'origine, de destination et de transit essentiel pour des milliers de migrants d'Afrique subsaharienne.

Patrick, originaire de Sierra Leone, s'est rendu au Niger après que son rêve européen a pris fin en Algérie. « Cela fait sept mois que je suis ici », dit-il au centre de transit de l'OIM à Agadez. « Tout ce que je peux faire, c'est prier pour que la communauté internationale trouve une solution afin que nous puissions enfin rentrer chez nous ».

Alors qu'ils aspirent à rentrer chez eux, les migrants se retrouvent dans une période d'attente interminable dans les centres de transit de l'OIM au Niger. Photo : OIM/Daniel Kisito Kouawo

Dans les centres de transit, chaque jour est un combat contre l'ennui et les pensées négatives tandis que les migrants cherchent le réconfort dans des activités récréatives pour ne pas penser à l'incertitude de leur retour. L'attente prolongée n'a fait qu'amplifier le stress qu'ils ont enduré pendant leur périple.

Depuis 2016, l'OIM a aidé plus de 100 000 migrants dans ses centres de transit au Niger, dont 86 000 au retour volontaire et à la réintégration dans leur pays d'origine. Idrissa Sompare, responsable de programme de l'OIM pour la protection et l'aide aux migrants au Niger, souligne la nécessité de plaider en faveur d'une collaboration internationale entre les pays d'origine et le Niger pour faciliter les retours volontaires.

« Ces accords permettraient d'assurer un retour sûr et digne des migrants bloqués », explique-t-il. « Il y a d'autres défis à relever, comme les retards dans l'obtention des documents de voyage et les problèmes logistiques, mais des discussions sont en cours avec les autorités des pays d'origine des migrants, et nous avons bon espoir qu'ils pourront bientôt rentrer chez eux ».

Le sport est une source de réconfort et de distraction pour les migrants dans les centres de transit du Niger, où des milliers d'entre eux attendent leur retour chez eux. Photo : OIM/Daniel Kisito Kouawo

Alors que les jours se transforment en semaines et en mois, l'incertitude entraîne parfois des tensions et des frustrations parmi les résidents. Consciente de la charge émotionnelle causée par leurs voyages épuisants et leurs longs séjours au Niger, l'OIM a renforcé ses services de santé mentale et de soutien psychosocial (SMSPS) pour aider à atténuer le stress et les tensions parmi les migrants.

Une équipe dévouée de 13 professionnels travaille sans relâche à la mise en œuvre des activités de SMSPS dans les centres de transit avec le soutien des prestataires de services. Malgré les efforts du personnel pour organiser un large éventail d'activités, il est difficile de répondre aux besoins de milliers de migrants.

En raison des ressources limitées, la fréquence et la variété des activités ont dû être réduites, avec un ratio actuel d'un membre du personnel SMSPS pour 380 migrants. Cette situation exerce une pression supplémentaire sur le personnel qui est débordé alors qu'il s'efforce de fournir des soins essentiels et aggrave les tensions existantes dans les centres de transit.

Plus de 5 000 migrants originaires de plus de 25 pays sont actuellement hébergés dans les centres de transit de l'OIM au Niger. Photo : OIM/Daniel Kisito Kouawo

Entre 2019 et 2023, plus de 16 000 activités SMSPS ont été menées dans les centres de transit de l'OIM au Niger pour répondre au large éventail de besoins psychosociaux des migrants et de leurs familles. Il s'agit notamment de séances de conseil individuel et d'orientation vers des soins de santé mentale spécialisés, de médiation familiale, de groupes de soutien psychosocial et d'intégration du soutien psychosocial dans les activités de subsistance.

En facilitant l'accès aux téléphones portables, l'OIM aide les migrants à rétablir des liens vitaux avec leurs proches, ce qui leur permet de chercher et de trouver du réconfort à distance. En outre, la Croix-Rouge effectue des visites régulières dans les centres de transit d'Agadez et d'Arlit, offrant aux migrants la possibilité de contacter leurs proches.

Salifou peut ainsi reprendre contact avec ses proches au Bénin en faisant bon usage de ces canaux de communication tout en séjournant dans l'un des centres de transit de l'OIM à Niamey. « J'appelle régulièrement ma famille car je connais les numéros de mes parents par cœur », explique-t-il. Salifou, l'aîné de ses frères et sœurs, a entrepris ce dangereux périple pour soutenir sa mère qui dispose d'un revenu modeste.

Cependant, l'espoir s'amenuise lentement pour Salifou et il n'est pas facile d'envisager un avenir alors qu'il est dans l'incertitude. « Ma famille est très préoccupée par ma situation et je partage leur inquiétude car je ne sais pas quand je pourrai quitter le Niger », explique-t-il.

Les migrants au Niger attendent avec impatience le jour où ils pourront enfin entreprendre leur voyage de retour. Photo : OIM/Daniel Kisito Kouawo

La peur de rentrer « les mains vides » pèse lourdement sur l'esprit de nombreux migrants, qui craignent d'être exclus par leur famille et leur communauté, en plus de devoir gérer les conséquences de leur difficile parcours migratoire. « Pour ces migrants, le retour au pays est un processus difficile et décourageant », explique Manon Dos Santos, responsable SMSPS à l'OIM au Niger.

« Lors de nos séances de thérapie, nous abordons non seulement leur stress quotidien, mais aussi les aspects émotionnels, sociaux et culturels liés à leur voyage et à leurs inquiétudes quant à leur retour au pays », ajoute-t-elle. « Ce soutien s'étend au-delà de leur retour, car le personnel de l'OIM reste déterminé à assurer le soutien psychosocial nécessaire à une réintégration durable dans leurs communautés ».

Écrit par Aïssatou Sy, Chargée d'information publique, OIM Niger

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