Berlin/Dakar : L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a enregistré un total de 148 décès et disparitions sur les routes migratoires dans la région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre (AOC), selon un nouveau rapport publié aujourd'hui (16/05) par le Missing Migrants Project (MMP). Ce chiffre tragique est plus élevé qu'en 2021, où 110 décès et disparitions avaient été recensés, bien que les données soient si rares qu'il est presque certain que les deux chiffres sont inférieurs à la réalité.

Le nouveau rapport met en lumière les risques croissants auxquels les migrants sont confrontés au cours de leur voyage, les principaux itinéraires menant à la mort des migrants dans la région et le soutien limité dont bénéficient les migrants et leurs familles lorsque des disparitions se produisent.

En Afrique du Nord et de l'Ouest, 43 naufrages ont été enregistrés le long de la Route de l'Atlantique de l'Afrique de l'Ouest vers les îles Canaries en Espagne en 2022, entraînant la mort d'au moins 559 personnes en mer, dont la moitié ont été présumées noyées car leurs dépouilles n'ont pu être récupérées. À titre de comparaison, 1 126 migrants ont péri dans 74 naufrages sur cette route en 2021. Cependant, les naufrages invisibles - cas dans lesquels un bateau est signalé en détresse mais aucun survivant n'est signalé - sont considérés comme fréquents sur cette route mais sont presque impossibles à vérifier, ce qui signifie que ces chiffres sont une estimation minimale du nombre réel de morts.

Plus de la moitié des personnes qui ont perdu la vie sur la route des îles Canaries l'année dernière étaient des ressortissants d'Afrique occidentale et centrale en provenance du Maroc et du Sahara occidental. Cependant, la plupart des décès documentés sur cette route restent non identifiés : 84 % des personnes décédées sur la route des îles Canaries en 2022 (467 personnes) sont répertoriées avec un pays d'origine inconnu.

Quatre-vingt-sept autres décès ont été enregistrés sur les routes transsahariennes en 2022. Il s'agit là aussi probablement d'un sous-dénombrement, car l'absence de rapports sur les décès ou les disparitions de migrants dans la région de la part de sources officielles et non gouvernementales est liée à la géographie vaste et inhospitalière du Sahara.

Pour combler cette lacune, la matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM et le MMP pilotent un module de collecte de données sur les migrants disparus dans les lieux d'enquête au Mali et au Niger. Recueillir des données auprès de ceux qui ont été témoins d'un décès tout en assurant un soutien adéquat aux témoins de ces tragédies est crucial dans le Sahara et sur de nombreux autres itinéraires mal surveillés. Selon ces enquêtes, un migrant sur 100 parmi les 12 000 interrogés au Mali et au Niger en 2022 a été témoin d'un décès au cours de son voyage : une tendance inquiétante étant donné que plus de 380 000 mouvements migratoires ont été observés sur les mêmes lieux d'entretien au cours du seul dernier trimestre de 2022.

"Les familles des migrants, la société et les gouvernements ont besoin de meilleures informations qui peuvent aider à prévenir les morts tragiques et les souffrances le long de ces itinéraires. Bien que la migration irrégulière ne représente qu’une petite fraction de la migration régulière et sûre, nous pouvons faire plus pour réduire ce terrible gaspillage du potentiel humain", a déclaré Koko Warner, Directeur de l'Institut mondial de données de l'OIM. "La matrice de suivi des déplacements de l'OIM et notre projet sur les migrants disparus s'associent pour réduire les zones d'ombre en matière de données sur les passages dangereux et périlleux. Ces données précieuses soutiennent la mise en place de solutions pour une action et des politiques migratoires basées sur les droits et les faits."

Au-delà des itinéraires en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, les personnes originaires de la région continuent d'être confrontées à des risques et à des difficultés le long des routes migratoires à travers le monde. En 2022, le MMP a enregistré la mort de 149 ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre sur la route de la Méditerranée centrale et la route de la Méditerranée orientale, avec au moins 40 décès sur la route de la Méditerranée occidentale attribués à des Africains subsahariens. Sur les 2 406 décès et disparitions en Méditerranée en 2022, 1 126 ont une nationalité inconnue, ce qui signifie que beaucoup plus de personnes sont concernées.

Des ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale ont également été signalés comme morts ou disparus en Libye (33), en Algérie (25), au Maroc (8) et en Tunisie (7). En dehors du continent africain, 10 décès de ressortissants d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale ont été enregistrés aux frontières de l'Europe et cinq à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Entre 2014 et 2022, le MMP a enregistré 2 902 décès et disparitions de migrants sur les routes à l'intérieur et en provenance de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, dont 457 femmes, 1 035 hommes et 275 enfants. La moitié de ces décès sont survenus lors de tentatives de traversée du désert du Sahara vers l'Afrique du Nord et un sur dix a eu lieu sur la route maritime vers les îles Canaries après avoir quitté l'Afrique de l'Ouest.

Dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale se sont engagés à "sauver des vies et à mettre en place des efforts internationaux coordonnés sur les migrants disparus". Il est essentiel que les États mettent en œuvre ces engagements afin de mettre fin aux décès de migrants et de remédier aux conséquences profondes de ces décès sur les familles et les communautés de la région.

Télécharger la note d'information sur missingmigrants.iom.int/TBA

Une liste des recommandations de l'UNNM sur les migrants disparus est disponible à l'adresse suivante: https://missingmigrants.iom.int/sitreps/2022-west-and-central-africa-overview-missing-migrants-data

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Pour plus d'informations, veuillez contacter Julia Black à l'OIM GMDAC : jblack@iom.int