« Je ne suis pas un journaliste spécialisé sur la question de la migration même si je travaille beaucoup sur cette question », se présente Mohamed Diop, journaliste reporter. « J’utilise souvent ces notions ou terminologies qui deviennent choquantes pour certains, sans aucune intention derrière. Ce genre de rencontres nous permet de corriger ces erreurs. » 

La migration intrarégionale ou en direction de l’Europe est un sujet complexe, multidimensionnel et traité de façon quotidienne dans la presse. La diversité des profils, des objectifs et des parcours de migration, impose d’engager un maximum de partenaires, afin d’assurer la diffusion d’une information claire et transparente pour les communautés hôtes comme pour les migrants, et s’assurer que les candidats à la migration puissent agir de façon rationnelle et informée, en privilégiant les voies de migration régulière. 

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Aware Migrants » et pour encourager un traitement éthique, le partage d’informations et l’analyse approfondie des questions migratoires, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Mauritanie a organisé deux formations à destination de 23 journalistes et acteurs des médias en novembre 2021.  

« Cette session participative m'a permis de me rafraîchir la mémoire », déclare Ibou Badiane, journaliste d’investigation en migration. « Mes attentes vis-à-vis de cette formation étaient de me permettre de mieux appréhender les données migratoires en chiffres, notamment les nouvelles routes migratoires en Afrique de l'Ouest. Elles ont été satisfaites ». 

D’une durée de deux jours chacune, ces formations se sont déroulées à Nouakchott et Nouadhibou.  

Un membre d'un groupe de travail présente au reste des participants la démarche pour couvrir un événement donné. Photo : OIM 2021/Ciré Ly

« Aujourd’hui, si je devais rédiger un article, je sais que j’ai des outils, un bagage et un peu plus de connaissances sur la manière de traiter l’information [sur] les migrants et de traiter les sujets qui les concernent sans pour autant porter atteinte à leur dignité, en les respectant et en ayant une déontologie, une éthique dans la manière de traiter l’information », affirme Houleye Kane, journaliste et consultante junior « Genre et Média », à l’issu de la formation.  

A Nouakchott comme à Nouadhibou de nombreux sujets ont été abordés sur les terminologies, les angles à privilégier, le risque d’une approche déshumanisante ou encore l’attention portée aux photos d’illustrations. Ces conversations ont surtout été l’occasion d’aborder l’essentielle question de l’accès à l’information, pour les Mauritaniens comme pour les migrants, et son traitement de la façon la plus informée possible. L’OIM a ainsi pu partager rapports et données ainsi que de multiples sources d’informations, tout en réaffirmant son engagement de coopérer régulièrement et étroitement avec les journalistes du pays.  

« Le risque principal est de voir des milliers de personnes résolument motivées à mener une vie épanouie dans leur pays d’origine ou d’accueil, se retrouver de plus en plus marginalisées par manque d’information ou d’accès à certains services, et donc d’atténuer leurs chances d’insertion économique et sociale », rappelle Nicolas Hochart, gestionnaire de projet à l’OIM. « Cette situation de vulnérabilité pourra pousser certains à risquer leur emploi ou leur vie pour trouver un quotidien meilleur. C’est notre responsabilité commune d’assurer qu’ils ont toutes les cartes en main et toutes les informations disponibles pour faire ces choix de façon sûre et régulière ». 

« Je m’attendais à ce que cette formation me donne une autre perspective sur la migration et j’ai fini par être motivée pour intégrer les informations apprises dans mon travail », explique Hawa Deme, journaliste dans le domaine de l’information. 

En 2022, l’OIM continuera cette approche multidimensionnelle en associant journalistes, médias, autorités locales et nationales mais également migrants et associations de migrants, afin de diffuser ces messages et de répondre au mieux aux besoins des migrants. Trop de personnes vivent encore isolées du reste de la société, peu conscientes des services dont elles pourraient disposer pour améliorer leur quotidien et renforcer leur intégration socio-économique. Les actions de l’OIM et de ses partenaires en Mauritanie visent à remédier durablement à cette situation. 

L’objectif du projet « Aware Migrant » est de mieux informer sur les risques de la migration irrégulière, de renforcer la cohésion sociale entre les communautés de migrants et d'accueil et d’informer les migrants en transit ou installés des possibilités de migration sûre, ainsi que des services d'assistance et de protection dans les pays d'accueil et dans leur pays d'origine. 

Ces activités sont rendues possibles grâce au soutien du ministère de l’Intérieur de l’Italie, dans le cadre du Regional Development and Protection Programme for North Africa (RDPP NA).

SDG 17 - PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS