Kolda, Sénégal – Le potentiel agricole de la région de Kolda attire de nombreux jeunes ambitieux et des migrants de retour au pays désireux de réussir dans le secteur agroalimentaire. Dans cette région, bon nombre d’agripreneurs rêvent de réussir dans le secteur agricole, et Lamine Baldé en est un parfait exemple. Si ce jeune migrant de retour au pays se réjouit aujourd’hui de cultiver sa ferme maraîchère, son parcours n’a pas été facile.

À l’instar de beaucoup de jeunes originaires de Kolda, une région du sud du Sénégal, Lamine aspirait à trouver de meilleures conditions de travail à l’étranger et à gagner sa vie en Europe.

« À un moment où la terre ne donnait pas de bons rendements, où les besoins de la famille étaient de plus en plus pressants, beaucoup de jeunes de ma génération se sont lancés dans la migration. Je ne pensais qu’à quitter mon village et à me forger une nouvelle vie en Europe », a indiqué le jeune homme.

En 2013, à l’âge de 29 ans, Lamine a quitté son village natal, traversant le Mali, le Burkina Faso et le Niger avant de se retrouver bloqué en Libye où il a fait face à de nombreuses épreuves, notamment de multiples emprisonnements, et a travaillé sans relâche dans l’orpaillage.

Après cinq années de dur labeur en Libye, Lamine a décidé de rentrer chez lui en 2018. Après avoir contacté l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), il s’est vu proposer une aide au retour volontaire dans le cadre de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants.

De retour au pays, c’est tout naturellement qu’il a repris ses activités agricoles, qu’il avait temporairement abandonnées, notamment l’agriculture en saison des pluies et le maraîchage.

 « Je devais me relancer et prouver à mon entourage que j’étais capable de rebondir après cet échec », a-t-il déclaré.

Grâce au soutien de l’OIM, il a démarré un microprojet de maraîchage avec l’ambition de devenir un producteur horticole prospère dans la région de Kolda. En raison de son engagement et des résultats prometteurs de sa microentreprise, Lamine a été sélectionné comme bénéficiaire du projet «Consolidation des acquis en matière de réintégration des personnes migrantes de retour au Sénégal à travers un appui intégré aux micros et petites entreprises, Phase II», financé par le Ministère de l’Intérieur de la République tchèque et mis en œuvre par l’OIM à Kolda depuis novembre 2023.

Dans le cadre des activités du projet, Lamine est actuellement inscrit dans un programme à grande échelle de huit mois qui comprend une formation technique sur la chaîne de valeur agroalimentaire (de la production à la commercialisation), un appui technique pour l’incubation de son microprojet et un coaching sur mesure, l’accès à des équipements modernes et appropriés ainsi qu’à des microfinancements.   

Son engagement, sa détermination et l’amélioration constante de sa microentreprise lui ont permis de remporter le prix du « meilleur “incubé” du mois » en juillet 2024. Son message aux autres incubés est « rester concentré sur son entreprise et surtout de faire preuve de résilience et de persévérance, sont les seuls secrets de la réussite ». Ayant également participé à la Foire internationale de l’agriculture et des ressources animales (FIARA) de Dakar en mai 2024, ces deux activités lui ont permis de nouer des contacts avec des clients et fournisseurs potentiels, renforçant ainsi sa détermination à devenir un entrepreneur agricole de premier plan dans la région de Kolda.

Lamine BALDE, migrant de retour, recevant le prix du meilleur incubé en juillet 2024. Photo : OIM 2024/Yaya DIALLO

Fort des connaissances acquises au fil des années et du programme d’incubation en cours, Lamine a décidé d’étendre sa ferme maraîchère, de diversifier ses cultures et d’augmenter ses récoltes d’arachides et de maïs pendant la saison des pluies.

Il adopte progressivement des pratiques agricoles biologiques respectueuses de l’environnement, en produisant lui-même des biofertilisants tels que le compost, des biopesticides, en recyclant les plastiques et en utilisant des panneaux solaires pour pomper l’eau du puits pour ses cultures maraîchères.

« Avant ce projet, j’utilisais beaucoup d’engrais chimiques parce qu’on nous avait fait comprendre que sans produits chimiques, on ne pouvait pas obtenir plus de rendement. C’est avec ce projet que je me suis rendu compte des dangers de ces produits pour l’environnement et notre santé. Après cela, j’ai tout abandonné au profit des engrais biologiques que je fabrique moi-même », a expliqué Lamine.

Il explique qu’auparavant il utilisait une motopompe pour arroser sa ferme maraîchère. « Grâce à la formation et à l’incubation, j’ai compris que ce n’était pas écologique d'utiliser une motopompe, alors je me suis tourné vers l’énergie solaire » dit-il. En optant pour l’agriculture biologique, Lamine est bien placé pour obtenir un label de conversion auprès de BIO RACINES.

Lamine BALDE, migrant de retour incubé, visite de suivi en juillet 2024. Photo : OIM 2024/Yaya DIALLO

Le jeune entrepreneur aspire à devenir un champion national de l’agriculture biologique et un modèle de réussite, inspirant les jeunes à créer leur propre entreprise, revitalisant l’économie locale et promouvant l’emploi des jeunes pour aider à freiner la migration irrégulière.

 

Par Yaya DIALLO, Assistant de projet senior, sous-bureau de l’OIM à Kolda

SDG 8 - TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 12 - CONSOMMATION ET PRODUCTION RESPONSABLES