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Qui sommes nous
Qui sommes nousL'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait partie du système des Nations Unies et est la première organisation intergouvernementale à promouvoir une migration humaine et ordonnée qui profite à tous. L'OIM est présente en Afrique de l'Ouest et du Centre depuis 1998.
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Notre travail
Notre TravailEn tant que principale organisation intergouvernementale qui promeut une migration humaine et ordonnée, l'OIM joue un rôle clé pour soutenir la réalisation du Programme 2030 à travers différents domaines d'intervention qui relient à la fois l'aide humanitaire et le développement durable.
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Raïssa* est une jeune fille souriante de 19 ans. Orpheline, elle vivait avec son grand-père et ses cousins dans leur concession familiale de N’Djaména, la capitale du Tchad. La jeune femme peinait à trouver sa place dans cet environnement où on lui répétait inlassablement qu’il était temps qu’elle s’en aille. Deux phrases revenaient en boucle dans la bouche de ses proches « trouve un emploi » et « trouve un mari ».
Non scolarisée et démunie, la jeune fille finit par accepter la proposition d’une cousine qui l’aurait contactée depuis Amman en lui promettant un avenir meilleur. En devenant femme de ménage en Jordanie, Raïssa est persuadée de pouvoir s’émanciper socialement et financièrement : « Je devais partir pour avoir un travail et me faire de l’argent, avoir une belle vie et ne plus être un fardeau pour ma famille. » Les formalités de voyage, visa et billet d’avion sont assurées par la famille qui prévoit de l’employer sur place.
Déterminée à tenter sa chance, Raïssa affirme avoir 23 ans dans le but d’obtenir une autorisation de sortie du territoire tchadien. Elle contracte une dette de 160 000 CFA (245 Euros) auprès du boutiquier de son quartier. Son voisin et une amie lui prêtent également de l’argent pour qu’elle puisse regagner Yaoundé afin de prendre un avion à destination d’Amman.
C’est au cœur de la capitale Camerounaise qu’elle sera interceptée le 16 juin 2022 en présence de 22 autres tchadiennes ciblées par un réseau de traite d’êtres humains. Ces femmes âgées de 22 à 45 ans qui prévoyaient de regagner Amman par voie aérienne ne se connaissaient pas. Elles pensaient toutes fuir des conditions de vie précaires et étaient en situation d’extrême vulnérabilité.
Les victimes décrivent d’ailleurs le même mode opératoire. Une cousine ou une tante entrant en contact avec elles pour leur offrir de travailler comme femme de ménage dans la capitale Jordanienne et ainsi obtenir de meilleures conditions de vie. « Ce voyage représentait tout pour moi et ma famille ; c’était la sortie de la galère ; c’était un rêve pour moi » raconte Djamila, une des femmes victime de ce procédé.
Lorsque sa cousine l’a contactée pour lui proposer de la rejoindre en Jordanie afin d’y travailler comme femme de ménage, la mère de famille a immédiatement entrevu la possibilité de sortir les siens de la misère. À 37 ans, Djamila élève ses cinq enfants et ses deux neveux depuis le décès de sa sœur. Cet emploi devait sonner la fin de ses difficultés détaille la mère de famille : « ce voyage était un espoir pour moi de pouvoir prendre soin de mes enfants et des miens ».
Sa cousine lui paye son visa et son billet d’avion. Djamila lui emprunte 150 000 CFA (230 Euros) pour établir son passeport et 250 000 CFA (383 Euros) pour son voyage du Tchad vers le Cameroun où elle prévoyait de prendre son vol à destination d’Amman.
Comme Djamila, les mères de familles ont été nombreuses à tenter leur chance vers ce qu’elles croyaient être un avenir meilleur. Ainsi, Béatrice mère de deux enfants, s’est rendu au Cameroun avec sa tante, également mère de famille. Cette dernière lui assure qu’en travaillant comme femme de ménage à Amman, elle a pu économiser assez d’argent pour revenir au Tchad, s’acheter un terrain et une moto qui lui permet d’employer un chauffeur de mototaxi. Béatrice est impressionnée par le parcours de sa tante, car de son côté, malgré son métier de commerçante, elle peine à joindre les deux bouts et à prendre soin des neuf personnes dont elle a la charge. Les deux femmes seront arrêtées juste à temps par Interpol.
Après avoir intercepté les 23 femmes tchadiennes, Interpol les a confiées au gouvernement camerounais, par le biais du Ministère des Affaires Sociales. Ce dernier, a fait appel à l’OIM puis a directement installé les femmes dans les locaux du site provisoire d’accueil des migrants de retour volontaire. Ce site a vu ses capacités être optimisées grâce au soutien de l’Union européenne dans le cadre de l’initiative conjointe UE-OIM.
Selon le directeur du site, Charles Atangana, toutes ces femmes étaient dans un état de détresse psychologique à leur arrivée « elles étaient complètement désillusionnées, leur pseudo-rêve d’un avenir plus rose ailleurs venait de se briser ». Charles Atangana poursuit en indiquant que les victimes « avaient toutes peur de nous et de tout, elles pensaient qu’on les condamnerait ou leur ferait du mal ». C’est pour cette raison qu’elles ont immédiatement bénéficié d’un accompagnement adapté à travers les premiers secours psychosociologiques qui avaient notamment pour but de déconstruire certaines idées préconçues. En effet, alors qu’elles étaient victimes de la traite, ces femmes étaient persuadées d’avoir été placées en prison. Il était donc indispensable de les rassurer sur le cadre de protection que représente le centre.
Des causeries éducatives ont été organisées et certaines femmes ont pu bénéficier de conseil individuel. Cet accompagnement leur a permis de s’exprimer sans crainte et d’être plus confiantes en elles et en l’avenir « elles avaient du mal à nous parler, elles étaient crispées, stressées, mais aujourd’hui avec le suivi psychologique dont elles ont été bénéficiaires, elles sont plus épanouies, plus expressives » conclut le directeur du centre. Toutes les femmes ont bénéficié d’une aide au retour volontaire quatre mois plus tard et ont pu regagner le Tchad le 2 septembre 2022.
Le sexe d'une personne façonne chaque étape de l'expérience de migration. Le risque d’être victime de la traite est accrue lorsque les femmes disposent d’un soutien communautaire ainsi que de ressources économiques et scolaires limités. Afin de prévenir et d'atténuer les risques de préjudice supplémentaire, il est indispensable de proposer une approche globale et coordonnée de la migration.
Depuis le milieu des années 1990, l'OIM et ses partenaires ont apporté protection et assistance aux personnes victimes de la traite. Ainsi, entre 2017 et 2021, l’OIM a fourni une aide au retour volontaire vers les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre à plus de 2900 individus victimes de la traite, parmi lesquels se trouvaient 85 pourcent de femmes.
* Les prénoms des personnes citées dans cet article ont été modifiés afin de préserver leur anonymat.
Cet article a été écrit par Gisèle MASSINA, Assistante chargée de sensibilisation, OIM Cameroun