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Qui sommes nousL'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait partie du système des Nations Unies et est la première organisation intergouvernementale à promouvoir une migration humaine et ordonnée qui profite à tous. L'OIM est présente en Afrique de l'Ouest et du Centre depuis 1998.
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Notre TravailEn tant que principale organisation intergouvernementale qui promeut une migration humaine et ordonnée, l'OIM joue un rôle clé pour soutenir la réalisation du Programme 2030 à travers différents domaines d'intervention qui relient à la fois l'aide humanitaire et le développement durable.
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Mansour C* est un migrant de retour qui vit au sud du Sénégal.
Notre première rencontre a lieu dans le bureau des facilitateurs terrains. Il choisit de venir dans les locaux de l’OIM où il se sent très à l’aise, selon ses propres termes. Avec un sourire franc, il accepte de me raconter son histoire, car il considère que l’OIM lui a permis de réussir sa réintégration.
Avant son départ, Mansour s’activait dans l’élevage des poussins de chair. Il n’avait jamais eu l’idée de quitter sa terre natale. Âgé alors d’une vingtaine d’années, il discutait régulièrement au téléphone, avec des amis se trouvant en Espagne et en Hollande. Il a fini par être influencé par leurs belles paroles qui le persuadent qu’une vie meilleure en Europe est possible. Le jeune homme décide donc d’utiliser les bénéfices tirés de son activité pour rejoindre l’Italie. Malgré plusieurs mois passés à traverser l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb, il n’atteindra jamais le vieux continent.
En fait, dès que Mansour quitte le Sénégal, sa situation se détériore : « C’est au Mali que nous avons commencé à rencontrer des difficultés. Nous avons été contraints de laisser l’un de nos compagnons au niveau de la frontière, car il ne possédait pas de pièce d’identité. Arrivés à Bamako, nous avons dormi au niveau de la gare routière où les agresseurs étaient nombreux. ».Mansour a également été victime d’emprisonnement et de tortures au Burkina : « Il y avait un endroit dénommé Serpent Rouge, où il y avait une très forte chaleur. Si tu ne payais pas, les militaires te palpaient et s’ils ne trouvaient rien sur toi, ils te frappaient violemment et te renvoyaient à nouveau au Serpent Rouge… J’ai vécu tout cela. »
Abattu par ces violences morales et physiques à répétition, Mansour se résout finalement à rejoindre l’Algérie et débourse une somme conséquente auprès d’un passeur. En cours de route, leur convoi est attaqué par des bandits qui les dépouillent. Comble de l’horreur, c’est lui qui se retrouve emprisonné, une fois la frontière algérienne franchie. Le jeune homme est contraint de payer 250.000 FCFA en échange de sa liberté. À sa sortie, il travaille durant deux ans comme plâtrier en Algérie. Cet emploi, lui permet d’envoyer de l’argent à ses proches restés au Sénégal.
Malgré tous les obstacles rencontrés, son rêve, d’atteindre l’Italie demeure indemne. Il décide donc d’investir ses économies pour partir en Libye, où il est emprisonné pendant deux mois. Ses proches, qui n’ont plus aucune nouvelle de lui, le croient mort. En désespoir de cause, ils contactent les amis de Mansour et apprennent qu’il est détenu arbitrairement en prison. Sa famille s’empresse de réunir la somme nécessaire à sa libération pour l’extraire de cette terrible situation.
Après avoir connu les agressions, les arnaques, les menaces, la prison, Mansour n’est plus en mesure d’endurer autant de souffrances. Le jeune homme, entreprend des démarches pour rentrer au Sénégal. Il est rapatrié, dans le cadre du projet Initiative Conjointe UE-OIM pour la Protection et la Réintégration des migrants de retour.
Une fois au Sénégal, Mansour est invité par l’OIM à une session d’écoute et de parole. Ce moment est déterminant, car il peut s’exprimer librement sur son parcours et évoquer son amour de l’aviculture, qui remonte à sa tendre enfance : « L’aviculture, c’est ma passion. Je me rappelle, je devais avoir 10 ans, lors d’une fête religieuse, on m’avait offert de l’argent. J’ai pris cet argent pour acheter une poule de race locale. J’ai débuté l’élevage des poules en bas âge. Je ne pratique pas l’aviculture juste pour le fun, c’est ma passion. »
Mansour est confronté à des railleries. En effet, nombreux sont ceux qui tentent de le contraindre à abandonner son projet, prétendument voué à l’échec. Des mots injustes et très durs sont prononcés à son sujet : « Mansour est une personne sans ambition. Il revient d’Algérie et ne trouve rien d’autre à faire que de se lancer dans l’aviculture. Il n’aime pas travailler et ferait mieux d’aider son père dans la gestion de son commerce au marché. » Certains se déplacent même pour lui signifier leur désapprobation : « ils venaient exprès au niveau du poulailler pour me rabaisser » explique Mansour.
Malgré tout, Mansour fait preuve d’abnégation et se montre particulièrement courageux. Il raconte avec le sourire : « Je faisais fi de ce que les gens me disaient, car je savais ce que je voulais réellement. J’étais déterminé à réussir dans ce domaine, car j’avais déjà l’expérience. De plus, ma famille m’a beaucoup soutenu, car ils savaient à quel point j’aime l’aviculture. »
À force de volonté, le jeune homme lance sa ferme avicole avec le soutien de l’OIM, dans les mois qui suivent son retour au Sénégal. Mansour acquiert également une couveuse et y introduit des œufs de pintade. Cet investissement est particulièrement rentable, car après l’éclosion des œufs, la paire est vendue 5000 FCFA.
Par ailleurs, Mansour diversifie ses sources de revenus en ouvrant une boutique de vaisselles au marché central de Kolda. Il assure également une présence régulière dans différents marchés de la région à travers un stand. Grâce à ses talents de vendeur, il est parvenu à fidéliser sa clientèle. Secondé par son épouse et son frère qui gèrent respectivement le poulailler et la boutique, lors de ses déplacements hebdomadaires, Mansour parvient à gérer habilement ses deux activités durant la journée : « Je me lève le matin à 06 heures pour aller dans la ferme. Je nettoie les abreuvoirs et mangeoires, puis je les remplis pour permettre aux poussins de s’alimenter. Après avoir terminé, aux environs de 08 heures, je pars au marché ouvrir la boutique. Je reste là-bas jusqu’à 13 h 30, puis je retourne à la ferme remplir les abreuvoirs et mangeoires à nouveau. À 15 heures, je repars au marché jusqu’à 17 heures. À 17 h 30, arrivé à la ferme, je vérifie si les poussins n’ont pas besoin de quelque chose. »
Aujourd’hui, Mansour a retrouvé confiance en lui, et en l’avenir. Ses différentes activités lui assurent une stabilité économique et son épanouissantes d'un point de vue personnel. De plus, il est parvenu à gagner l’estime de tous ceux qui l’ont dissuadé de suivre sa passion et ses rêves.
*Afin de protéger l’identité des personnes citées, des pseudonymes ont été utilisés.
Cet article a été écrit par Anta DIA, facilitatrice terrain au Sénégal.