Agadez, Niger – Au cœur d’Agadez, un mouvement transformateur prend racine pour les femmes issues des communautés d’accueil et de migrants. Le Foyer féminin Tchimakrassan, une construction moderne au beau milieu des bâtiments traditionnels en banco, est une lueur d’espoir et d’opportunité.

Le Foyer est un centre pour femmes de tous horizons à Agadez, un espace qui leur est propre, géré par les femmes elles-mêmes - le premier du genre dans la ville. Entre ses murs, les femmes ne font pas que se rassembler. Elles se soutiennent, s’encouragent, s’inspirent et apprennent les unes des autres. De la couture à la coiffure, de la transformation des aliments à la technique de teinture du batik, un éventail d’activités diverses et variées donne la possibilité aux femmes d’avoir un revenu, d’acquérir de nouvelles compétences et de nouer des liens au sein de la communauté, qu’elle soit d’accueil ou migrante.

Atina Hamma à l’atelier de teinture avec d’autres élèves. Photo : OIM 2024

Atina Hamma, autrefois confinée dans des perspectives limitées, s’épanouit aujourd’hui avec un nouveau but. « J’ai appris les techniques du batik dans ce foyer », dit-elle. « Cela me permet de ne pas rester à la maison à ne rien faire, à bénéficier d’une formation et à subvenir à mes besoins lorsque je lancerai mon activité de teinturière et que je vendrai mes vêtements. »

Entrée du Foyer Féminin Tchimakrassan dans la ville d’Agadez. Photo : OIM 2024

Depuis son inauguration en 2023, le Foyer est entièrement dirigé par les femmes. Aujourd’hui, ces femmes gèrent de manière autonome les dépenses opérationnelles, y compris l’électricité et l’eau, et améliorent les formalités administratives pour inscrire les femmes d’Agadez et élargir les activités du Foyer.

Proposant dix programmes de formation différents, l’espace contribue grandement à l’autonomisation des femmes issues aussi bien de la communauté migrante que de la communauté d’accueil et jette les bases de la cohésion sociale.

Au sein du centre, certaines femmes proposent des services de coiffure et de maquillage. Photo : OIM 2024

« Cet endroit offre un cadre idéal aux femmes pour développer leurs compétences et renforcer leurs capacités, créant ainsi un cadre pour la cohésion sociale et le développement durable pour ces femmes », déclare Laria Issaka, membre du Comité de gestion du centre.

Grâce à son positionnement stratégique le long des principaux carrefours migratoires au nord du Niger, Agadez accueille des milliers d’Africains subsahariens en route vers ou depuis l’Afrique du Nord. Ces dynamiques migratoires exercent une pression sur les ressources déjà limitées et génèrent des tensions accrues au sein des communautés locales. En outre, les différences culturelles peuvent être source de conflit entre les communautés d’accueil et les migrants.

Le Foyer féminin sert également de pont entre les communautés d’accueil et de migrants, favorisant le dialogue et un environnement propice à la coexistence pacifique.

Des femmes apprennent la couture au Foyer féminin. Photo : OIM 2024

« Avant, nous gardions nos distances avec les migrants, nous les regardions avec suspicion. Mais depuis l’établissement de ce foyer, nous avons créé des liens avec les femmes migrantes. Nous avons réalisé que nous partagions des histoires et idées similaires. Cela nous a apporté une stabilité, à la fois sociale et économique », confie Hadjia Mamadou, en réfléchissant au changement.

Des femmes confectionnent des paniers et des sacs qu’elles vendent au Foyer Féminin. Photo : OIM 2024

Yvonne Azacin, une femme nigériane qui a récemment commencé à se rendre au centre, partage ce sentiment. « Malgré nos différences culturelles, nous nous rapprochons et nous comprenons. Nous avons noué des liens forts. En cas de besoin, elles me tendent toujours la main. »

« Entre les murs de ce lieu consacré aux femmes, ces dernières se sentent autonomes et en sécurité, trouvant de la force dans un espace géré par et pour les femmes. C’est plus qu’un simple bâtiment, c’est un espace sûr qui alimente l’indépendance et la cohésion sociale », déclare Idrissa Somparé, coordonnateur du programme de l’OIM au Niger.

« Le Foyer joue également un rôle essentiel dans leur autonomisation économique et social tout en favorisant l’unité et la compréhension entre les communautés migrantes et celles d’accueil », ajoute-t-il.

Des produits confectionnés par les femmes au Foyer Féminin. Photo : OIM 2024

Aujourd’hui, le Foyer Féminin Tchimakrassan se dresse comme un symbole d’espoir et dépeint un récit collectif d’autonomisation et un avenir plus radieux pour les femmes à Agadez.

Le Foyer Féminin Tchimakrassan a été construit avec le soutien financier de l’Union européenne via le Programme de stabilisation communautaire de l’OIM. Ce programme vise à prévenir les conflits, à renforcer la cohésion sociale entre les communautés d’accueil et les migrants, à soutenir les groupes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes, en reconstruisant les moyens de subsistance malgré les changements dans les schémas migratoires.

Écrit par Aïssatou Si, chargée de l’information publique, OIM Niger.

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