Dakar - Les rêves hantent les rues de Dakar, au Sénégal, et chacun étant un fil qui tisse l’espoir d’un avenir meilleur. Parmi les rêveurs se trouve Fatou Guet Ndiaye, un modèle d’autonomisation et de résilience. Son parcours s’étend d’un continent à l’autre, défiant les stéréotypes tout en plaidant pour l’investissement en faveur des femmes. 
 
Passionnée par la poursuite de ses études, cette jeune femme alors âgée de 23 ans avait des aspirations qui dépassaient les frontières de son pays. Pourtant, son chemin n’a pas été sans embûches. Après avoir terminé ses études et animée par une soif de connaissances et de perfectionnement, elle s’est embarquée pour un voyage à travers l’océan à la recherche d’une formation complémentaire, cependant elle a dû faire face à des obstacles imprévus. 
 
Après six jours passés en mer, elle a dû se rendre à l’évidence : l’embarcation dans laquelle elle voyageait est tombée en panne sèche. Fatou et ses compagnons ont été secourus le long de la côte de Saint-Louis au Sénégal. La déception l’a lourdement affectée au moment où elle est rentrée chez elle, et ses rêves semblant avoir été anéantis.
 
« Lorsque je suis revenue, cela n’a pas été facile pour moi… Parce qu’il est difficile pour une femme de monter à bord des embarcations pour émigrer. Et puis, c’était un fardeau pour moi de revoir mes parents et leur expliquer les raisons de mon départ », expliquait Fatou auparavant.  

Fatou Guet Ndiaye, ancienne volontaire OIM de Migrants as Messengers (MaM), s'est exprimée lors de la célébration de la Journée Internationale de la Femme 2024 organisée par le Réseau des Nations Unies sur les Migrations. Photo: OIM 2024/Lucas Chandellier

Cependant, le destin a réservé un autre sort à Fatou. Sa rencontre avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a marqué un tournant dans son histoire. En tant que volontaire pour la campagne « Migrants comme messagers », une campagne de sensibilisation de pair à pair qui permet aux jeunes d’Afrique de l’Ouest de prendre des décisions éclairées sur la migration, Fatou a trouvé non seulement une plateforme d’apprentissage, mais aussi un but en cherchant à rendre autonomes d’autres personnes comme elle. 
 
Grâce à ses compétences en graphisme et à son cœur rempli de compassion, elle est devenue actrice à part entière de la campagne, se consacrant à sa mission d’autonomisation et de sensibilisation. 
 
Lors d’un entretien récent après un événement organisé par le Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à l’occasion de la Journée internationale des femmes, la jeune femme, aujourd’hui âgée de 39 ans, a fait part de son parcours : « Je rêvais de construire une carrière professionnelle autour de la photographie et de la réalisation de films. Mais très vite, j’ai réalisé que j’avais besoin d’une formation solide pour être compétitive dans ce domaine dominé par les hommes ».  
 
Le thème de cette année, « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme en matière d’égalité entre les hommes et les femmes et de sécurité des migrations » a parfaitement reflété l’expérience de Fatou. Fatou a exprimé sa conviction quant à l’importance d’investir en faveur des femmes, en soulignant qu’« une femme qui a un emploi décent pour subvenir aux besoins de sa famille ne laissera pas ses enfants risquer leur vie pour rien au monde dans des aventures périlleuses ». 
 
Ses paroles traduisent le sentiment d’innombrables femmes qui ont osé rêver au-delà des limites des attentes sociétales. 
 
Grâce à la campagne de l’OIM, Fatou a non seulement perfectionné ses compétences, mais elle est également formatrice, transmettant ses connaissances aux volontaires et aux journalistes du Sénégal en matière de techniques audiovisuelles. Son dévouement et son talent ont été reconnus lorsqu’elle a remporté le troisième prix du Festival international du film sur la migration, édition Afrique de l’Ouest et du Centre en 2021, mettant en valeur les talents promus par le projet. 
 

Fatou Guet Ndiaye, ancienne volontaire de l'OIM pour Migrants as Messengers (MaM), lors de la célébration de la Journée Internationale de la Femme 2024 organisée par le Réseau des Nations Unies sur les Migrations à Dakar. Photo: OIM 2024/Lucas Chandellier

« Je suis maintenant une artiste photographe dont les œuvres sont célébrées et exposées dans les ambassades au Sénégal », déclare fièrement Fatou. Son parcours de novice à artiste reconnue témoigne du pouvoir de transformation de l’investissement en faveur du potentiel des femmes. Cependant, elle reconnaît les défis auxquels elle est confrontée dans sa profession, notamment le coût élevé des équipements et la nécessité d’une formation continue. 
 
Malgré ces obstacles, Fatou ne se laisse pas décourager. Elle insiste sur l’importance d’investir davantage en faveur des femmes, reconnaissant que les femmes autonomes réussissent non seulement à progresser elles-mêmes, mais aussi à protéger leur famille des aventures périlleuses. « Bien que je sois maintenant qualifiée pour travailler professionnellement, je suis également motivée pour acquérir d’autres compétences afin d’utiliser certains équipements et des techniques plus avancées pour fournir un travail compétitif sur le marché. Je ne suis pas opposée à l’idée d’émigrer pour me former, mais cette fois-ci de la manière la plus sûre, et c’est ce que j’encourage toujours mon entourage à faire », affirme-t-elle, plaidant pour des voies de migration plus sûres et des opportunités pour les femmes de s’épanouir. 
 
Alors que l’on tourne la page de la Journée internationale des femmes et que nous nous projetons vers le Sommet de l’avenir en septembre 2024, l’histoire de Fatou continue de résonner. Son parcours d’autonomisation à travers la photographie et la voix inspire un appel collectif à l’action, exhortant les parties prenantes à investir en faveur du potentiel inexploité de femmes comme Fatou, dont la résilience et la détermination éclairent la voie pour les générations à venir.  

  

SDG 5 - ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES
SDG 11 - VILLES ET COMMUNAUTÉS DURABLES
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES