Mauritanie — Chaque année, environ 200 000 hectares de pâturages sont détruits en Mauritanie par des catastrophes naturelles telles que les feux de brousses et les inondations, qui sont amplifiés par le changement climatique avec la désertification affectant 85% du territoire. Les incidents dévastateurs sont particulièrement plus fréquents dans le Sud Est du pays, zone frontalière avec le Mali.

La région du Hodh el Chargui située dans cette zone, concentre à elle seule 90% des feux de brousses, des phénomènes dont la survenance est particulièrement exacerbée à Bassikounou, commune fortement éprouvée par la sécheresse rendant la survie extrêmement difficile pour les communautés résidentes, les transhumants et les migrants.

Le changement climatique et les épidémies animales sévissent énormément dans la zone du Hodh El Chargui. Photo : OIM Mauritanie 2023/Bocar SY

Lemghayes le village de Fatma, situé dans la zone frontalière avec le Mali, revêt une grande importance en tant que point de passage pour les transhumants venant vendre et faire paître leurs bétails. La rareté des ressources telles que l'eau et les terres cultivables, peut être une source de tension entre les différentes populations qui habitent et celles qui traversent ce village. « Nous n’avons qu’une seule marre d’eau pour abreuver notre bétail et celui des transhumants, vous imaginez donc ce que cela peut causer ? » rapporte Fatma.

Fatma lors de l’entretien présente les contraintes auxquelles elle-même et ses voisins sont confrontées dans le village de Lemghayes. Photo : OIM Mauritanie 2023/Bocar SY

Fatma fait partie des 1545 personnes ayant bénéficié des activités de sensibilisation sur la gestion des catastrophes dans deux zones de transhumance, couvrant 20 villages, à travers le projet “ Renforcement des capacités nationales et locales de préparations et de réponses dans les zones frontalières et les couloirs de transhumance dans la région du Hodh Ech Chargui en Mauritanie “ financé par l’Union Européenne.

Cette sensibilisation mis en œuvre par l’OIM en collaboration avec les comités villageois ont aussi permis de placer les femmes au cœur des stratégies communautaires de lutte contre les catastrophes naturelles, notamment les feux de brousses.

La collaboration entre l’OIM avec les comités villageois ne se limite pas seulement à la sensibilisation, mais s’étend également à la mise en place de mécanismes concrets pour réagir efficacement en cas de catastrophe. Chaque comité villageois bénéficie d'outils et de protocoles spécifiques pour anticiper, gérer et surmonter les crises, y compris les éventuels conflits qui pourraient survenir à cause de la raréfaction des ressources naturelles indispensables à la survie du bétail.

Un plan de contingence multirisque élaboré avec l’appui de la Délégation Générale à la Sécurité Civile et à la Gestion des Crises a également été présenté aux populations vivant dans des zones à risques.

Dans le cadre de la préparation à la gestion des risques et catastrophe, l’OIM a réalisé un exercice de simulation avec une participation massive des habitants. Photo : OIM Mauritanie 2023/Bechir

Grâce aux campagnes de sensibilisation initiées par l'OIM, Fatma et les femmes de Lemghayes ont l'opportunités de s’exprimer et participer pleinement dans la gestion des crises au sein de leur communauté. « Comme les hommes, nous participons activement à la gestion et à la prévention des catastrophes naturelles. Nous comprenons que cela ne concerne pas seulement les hommes mais tout le village y compris les femmes », déclare Fatma, reflétant ainsi l'engagement et la contribution des femmes dans cette entreprise vitale pour la communauté.

Depuis leur sensibilisation, Fatma et ses consœurs organisent des réunions entre femmes pour discuter des opportunités de moyens d’existence. Photo : OIM Mauritanie 2023/Bocar SY

La sensibilisation a permis aux femmes de Lemghayes d’aller au-delà de la gestion des risques de catastrophes et des désastres liés au changement climatique. Elles adoptent de nouvelles stratégies pour réduire les impacts des catastrophes naturelles, grâce aux initiatives de l’OIM. Pour diversifier leurs activités économiques en fonction du climat de la région, Fatma en collaboration avec ses consœurs du village ont mis en place des associations de femmes, ce qui renforce leur entraide et leurs aptitudes à surmonter les défis environnementaux.

 

Cette histoire a été écrite par Bocar SY et Kalidou DIAGANA, Communication de l’OIM Mauritanie

SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 13 - MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
SDG 17 - PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS