Suivant la route nationale pour quelques heures vers le sud à partir de Conakry, la capitale guinéenne, on peut apercevoir un grand panneau à droite menant à un petit chemin pour trouver la Boulangerie de Mamadou Diallo. Dans l’après-midi, on peut trouver le patron, Mamadou, qui profite du calme de la pause de midi pour préparer la pâte à pain dans le fournil avant que la ruée de clients ne recommence. Pour l’homme de 23 ans, le métier de boulanger est une affaire de famille ; c’était son père qui lui a enseigné l’art de faire du pain.

Mais la vie ne se déroule pas toujours comme prévu. En 2013, son père est mort, et à partir de ce moment-là, c’était sa grand-mère qui s’est occupée de Mamadou et ses trois sœurs et d’un frère. Sa mère partit au Sénégal en 2012 pour rejoindre son autre frère.

À la fin de 2017 quand Mamadou était en classe de Terminale, il a abandonné l’école et est parti en Libye pour alléger les charges de sa grand-mère : « Elle aussi était fatiguée et elle ne pouvait pas me soutenir. Au lieu de la fatiguer plus, j’ai décidé de partir ».

Mamadou a passé trois mois en Libye, mais il n’a pas fait fortune comme il l’avait espéré. À son retour, il a emprunté de l’argent pour acheter de la farine et des outils pour reprendre le métier familial. Il rejoignit son cousin qui a une boulangerie à Maférinya et il a payé du loyer pour y travailler. « C’était dur, tout ce que j’ai fait, je me suis endetté », Mamadou se souvient. 

Mamdou a créé deux emplois fixes et de l’emploi temporaire à six potentiels migrants. Son frère Alpha travaille également dans la boulangerie avec lui. Photo : OIM 2022/Alpha Ba

Dans le cadre du programme de réintégration des migrants de l’Initiative conjointe de l’Union européenne et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Mamadou a reçu de l’appui pour acheter des matériels et de la farine.

« Avec l’aide de l’OIM, beaucoup a changé », Mamadou constate, « maintenant, j’ai neuf personnes derrière moi ; j’ai pu soutenir des jeunes ! » Il a créé deux emplois fixes et de l’emploi temporaire à six potentiels migrants. Son frère Alpha travaille également dans la boulangerie avec lui.

Aujourd’hui, Mamadou est associé à l’entreprise de son cousin, ils partagent les matériels et il est capable d’apporter des contributions sans contracter davantage de dettes. « Au fur et à mesure, nous avons évolué dans la production », Mamadou explique ; pour la production quotidienne, les boulangers utilisent quatre à cinq sacs de farine, le double des deux sacs qu’il fallait avant.

Ils n’ont pas seulement augmenté la quantité de pains, ils ont aussi commencé à faire deux qualités. Mamadou sort deux baguettes et gesticule pour montrer que l’un pèse plus que l’autre. « C’est difficile à faire, il faut une machine », il dit et souligne qu’il n’y en a pas beaucoup dans le village.

Mamadou s’est mis à bâtir une maison de trois pièces avec assez d’espace pour sa grand-mère et ses frères et sœurs ainsi que pour sa femme et leur nouveau-née. Photo : OIM 2022/Alpha Ba

Grâce au succès de son projet, Mamadou est indépendant ; il s’est acheté une moto et il a commencé de diversifier ses revenus en mettant en place un champ d’ananas de 5 000 pieds. Malheureusement, par manque d’expérience ce projet a échoué, mais il est curieux d’apprendre mieux l’agriculture.

Un jour, Mamadou voudrait construire son propre four, mais pour l’instant il s’est mis à bâtir une maison de trois pièces à côté de la maison de famille, avec une charge familiale de sept personnes. Il y aura assez d’espace pour sa grand-mère et ses frères et sœurs ainsi que pour sa femme avec leur nouveau-née, Marieme, qui a trois semaines.

Pour Mamadou, c’est un honneur de perpétuer l’héritage de son père. « Faire ce qu’il a fait, ça me rend fier ».

SDG 2 - FAIM « ZÉRO »
SDG 8 - TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE