Anyama, 30 mai 2023 - Odette Zransieu, 50 ans, une travailleuse migrante interne dans la commune d’Anyama, a le talent pour convaincre son interlocuteur sur la contribution des travailleurs migrants à la résilience du territoire. Elle regarde la situation des centaines de travailleurs migrants dans cette zone périurbaine avec lucidité : « si quelqu’un tient ton ventre, c’est que tu as perdu toute prétention à être libre » assène-t-elle.  

A la faveur d’une urbanisation galopante, entre projets d’infrastructure et construction de nouveaux quartiers, l’agriculture urbaine et péri-urbaine des communes côtières du district d’Abidjan, autrefois florissante, est aujourd’hui en voie de disparition. Cette urbanisation effrénée au détriment des territoires agricoles, couplée aux effets négatifs de la dégradation de l’environnement, renforce la vulnérabilité des travailleurs migrants.    

A Anyama, commune du district d’Abidjan, les travailleurs migrants vivent essentiellement de la production de vivriers. Cependant, aujourd’hui avec l’urbanisation, les terres en jachère ne sont plus suffisantes pour permettre une régénération du sol. Ainsi, la fertilité des sols n’est pas totalement restaurée. Les rendements ayant tendance à diminuer, les travailleurs migrants sont contraints d’utiliser intensivement des intrants chimiques afin d’obtenir une production équivalente. Cette situation contribue à la dégradation des sols. « La pression de l’urbanisation et la dégradation des sols nous a obligé à trouver des alternatives si nous voulions continuer de pratiquer cette activité qui nous fait vivre », poursuit Odette. 

Odette Zransieu, agricultrice, travailleuse migrante interne, préparant son compost. Photo : IOM Côte d’Ivoire/KOTTY Noelie Sandrine, 2023

Pour répondre au double défi de raréfaction des terres agricoles et de dégradation de l’environnement auxquels font face les travailleurs migrants dans la commune d’Anyama, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) met en œuvre le projet « Protection et insertion de la main d’œuvre migrante et environnement dans l’agriculture urbaine et périurbaine » (MITSA). Le projet propose des activités de renforcements de capacités des travailleurs migrants et autochtones aux pratiques agroécologies dans le contexte local.  

La particularité de ces formations est le renforcement des capacités des travailleurs migrants aux techniques de compostage du Bokaschi - une méthode de compostage adaptée à la vie urbaine des villes où le tri et le ramassage des déchets organiques ne sont pas mis en place. Grace à cette formation, Odette et de nombreux travailleurs migrants ont pu améliorer le rendement de leurs récoltes et réduire les dépenses liées à l’achat d’intrants chimiques. 

« La raréfaction des terres et la dégradation des sols a réduit nos possibilités de tirer profit de nos activités, mais ce projet me permet d’avoir plusieurs cultures sur le même espace et d’enrichir le sol avec nos déchets. C’est notre avenir qui s’éclaircit ! », raconte Odette. 

Odette Zransieu, agricultrice, travailleuse migrante interne, vendant le surplus de compost à une autres migrante agricultrice. Photo : IOM Côte d’Ivoire/KOTTY Noelie Sandrine, 2023

Ce projet permet aussi aux travailleurs migrants de s’intégrer dans la communauté locale via l’agriculture. En effet, l’apprentissage fonctionne sur le modèle du compagnonnage et l’échange entre pairs, entre autochtones et migrants. Pour Odette, ce travail en binôme permet l’échange de compétence, le soutien mutuel dans cette formation et l’intégration sociale du travailleur migrant.   

Pour de plus amples informations, veuillez contacter Joëlle Furrer, responsable régionale de la communication et des médias jfurrer@iom.int et Hind Assaoui Bennani, spécialiste régionale du programme migration, environnement et changement climatique haissaoui@iom.int    

SDG 13 - MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
SDG 6 - EAU PROPRE ET ASSAINISSEMENT