Histoire
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  • Aïssatou Sy | Public Information Officer

Agadez - Ibrahima est le délégué de 293 Maliens qui séjournent actuellement dans le centre de transit géré par l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) dans la ville d'Agadez, au cœur du désert du Sahara, au Niger. Il s'y trouve depuis trois semaines.

Ce père de famille, a quitté en 2008 sa maison situé dans la région de Koulikoro, au sud-ouest du Mali, à la recherche d'une vie meilleure, laissant derrière lui femme et enfants.

« Dans mon village au Mali, je vendais de l'eau. Un jour, j'ai gagné assez d'argent et j'ai décidé de partir. Je suis allé directement au Maroc en espérant continuer par la mer jusqu'en Espagne », raconte-t-il.

« Le voyage en bateau a été une catastrophe, certains sont même morts en mer. Nous avons finalement été renvoyés au Maroc. »

Ibrahima est néanmoins déterminé à tenter de rejoindre l'Europe, cette fois en passant par l'Algérie.

« J'ai décidé de risquer à nouveau le voyage et de faire tout le chemin à pied. Une fois sur place, je me suis retrouvé bloqué à Assamaka, à la frontière avec l'Algérie », explique Ibrahima.

En septembre 2022, sans argent pour poursuivre sa route ou rentrer chez lui, Ibrahima se rend au centre de transit de l'OIM à Assamaka, une commune de la région d'Agadez. Quelques jours plus tard, il est transféré au centre de transit de l'OIM à Arlit, avant d'arriver finalement au centre d'Agadez qui accueille 1 670 migrants. Dans ces centres de l’OIM, les migrants reçoivent un abri, de la nourriture, de l'eau, des soins médicaux et un soutien psychosocial.

Avec plus de 1 000 personnes réunies dans un même lieu, les tensions entre les différentes communautés de migrants du centre sont parfois vives. « Après tout ce que nous avons vécu, de petites querelles conduisent parfois à des affrontements verbaux ou physiques qu'il faut apaiser ou prévenir pour ne pas devenir des ennemis », explique Ibrahima.

Pour faciliter le dialogue entre le personnel de l'OIM et les migrants, un système de représentants de pays a été mis en place. Le rôle de chaque délégué est crucial pour maintenir la paix et promouvoir la cohésion sociale entre les différentes communautés de migrants.

« Chaque communauté nomme un représentant pour résoudre ses problèmes. Les représentants sont des intermédiaires entre la communauté de migrants à laquelle ils appartiennent et l'OIM », précise Ibrahima. « Mes compatriotes m'ont choisi, et c'est avec honneur que j'ai accepté de les représenter ».

« Le rôle du délégué est d'aider les membres de sa communauté. La plupart d'entre eux ne savent ni lire ni écrire, et ne parlent ni français ni anglais. Ils ne parlent et ne comprennent que leur langue maternelle. Nous les aidons à comprendre tous les messages importants transmis par le personnel », poursuit Ibrahima.

Les délégués font également la promotion des services disponibles dans le centre et sensibilisent les migrants à l'importance de participer à des activités récréatives. « Je les aide à comprendre pourquoi ces activités sont importantes. Avec ma formation en culture, je contribue même aux activités », dit Ibrahima. « J'ai imaginé des initiatives telles que le programme "un enfant migrant, un livre" qui permet à tous les jeunes migrants du centre, en particulier les enfants, d'accéder à des livres. »

Enfin, pour faciliter les retours volontaires dans les pays d'origine, les délégués sont aussi des intermédiaires pour la logistique liée aux départs. « Nous aidons le personnel à vérifier si nos compatriotes ont des documents de voyage valides. Nous aidons aussi à vérifier s'ils ont leur carte de vaccination COVID-19, si ce n'est pas le cas, nous les sensibilisons à se faire vacciner. »

Les délégués sont un pilier essentiel pour le bon fonctionnement du centre. Cette expérience sera utile à Ibrahim lors de son retour, et il sait que cela fait partie des quelques souvenirs de son parcours migratoire qu'il est fier de ramener chez lui.

En attendant son départ dans quelques semaines, Ibrahima poursuit son travail et espère que ses efforts se poursuivront au centre grâce aux futurs délégués. Il est impatient de retourner auprès de sa famille au Mali et de construire une nouvelle vie en emportant avec lui les bagages de son voyage migratoire, ainsi que son expérience personnel qui fera la fierté de ses proches et plus particulièrement de ses enfants.

« Je pense que j'ai apporté une contribution précieuse au centre de transit. Je dis à mes amis et aux délégués, de continuer à persévérer. C'est une grande responsabilité, mais c'est gratifiant. »

Cette histoire a été écrite par Aïssatou Sy, responsable de l'information publique de l'OIM Niger, aisy@iom.int.

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