Falaba District, 23 septembre 2022Ibrahim Sorie Sesay est un éleveur de bétail et en même temps un cultivateur. Il est l’actuel président du Conseil de district de Falaba (Falaba District Council -FDC), dans la province du Nord de la Sierra Leone.

À Falaba, chaque chefferie et chaque ville dispose de comités de parties prenantes ; « chaque fois qu’il y a un conflit entre les agriculteurs et les éleveurs, le chef envoie les membres du comité évaluer la situation et engager les parties concernées à négocier la paix », selon M. Ibrahim, qui salue le soutien des responsables du FDC et de la communauté.

« Il y a eu plusieurs cas d’affrontements liés à la transhumance entre les agriculteurs et les éleveurs de bétail dans les districts de Falaba. Ces affrontements sont plus intenses pendant la saison sèche, car certains bovins traversent parfois la frontière des deux côtés, s’égarant dans les terres agricoles à la recherche de nourriture et d’eau », indique Ibrahim.

Mouvement de transhumance du bétail dans le district de Falaba. Photo : OIM 2022/Alfred Fornah

Ces dernières années et ces derniers mois, les conflits entre les éleveurs de bétail et les agriculteurs se sont multipliés dans le district de Falaba en Sierra Leone et à Faranah, la préfecture voisine de la frontière avec la Guinée. Les tensions surviennent lorsque le bétail pâture dans les terres agricoles cultivées ou détruit les cultures. Des cas de représailles ont également été signalés, impliquant par exemple le vol ou la mort du bétail.

Les mouvements de bétail induits par le changement climatique accentuent de plus en plus les tensions entre communautés, car le changement climatique introduit des variations météorologiques qui ont un impact sur les schémas traditionnels de transhumance et exercent une pression supplémentaire sur les récoltes. Ces tensions sont parfois exacerbées par une communication fragmentée au sein et entre les principales parties prenantes en raison des moyens de communication limités dans la région, la couverture des réseaux et la rareté des canaux de communication.

Bien que les conflits aient été persistants, la violence s’est atténuée au cours de la période récente. Cette évolution est en grande partie attribuable à la reconnaissance croissante de la nécessité de désamorcer et de prévenir les dynamiques de conflit, notamment les pratiques liées à la destruction des cultures.

« Ces questions sont de plus en plus critiques et nécessitent des efforts coordonnés entre les parties prenantes pour informer, discuter et prévenir les conflits potentiels. Grâce à une intervention régionale réunissant les équipes de l’OIM en Guinée et en Sierra Leone, nous nous efforçons de collecter des données et de proposer des solutions axées sur la communauté, en collaboration avec le Programme alimentaire mondial et Talking Drum Studio, afin de prévenir les tensions et de renforcer la cohésion sociale dans les zones frontalières », a déclaré Ludvik Girard, chef des programmes de l’OIM en Sierra Leone.       

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’ONG locale Talking Drum Studio (TDS) unissent leurs forces pour mettre en œuvre une intervention transfrontalière financée par le Fonds pour la consolidation de la paix, qui vise à renforcer la coexistence pacifique entre les éleveurs de bétail et les agriculteurs dans le district de Falaba et la préfecture de Faranaya en Guinée.

Le responsable national de projet, données et rapports à l’OIM Sierra Leone avec l’administrateur en chef du conseil de district de Falaba et son adjoint. Photo : OIM 2022/Alfred Fornah.

Les activités de l’OIM comprennent un appui à la gestion des frontières et des efforts ciblés pour établir des mécanismes de collecte de données afin de fournir des informations sur les modèles de transhumance et de faciliter la prise de décisions politiques et stratégiques critiques.

En Sierra Leone, l’OIM soutient le Conseil de district de Falaba (FDC) pour l’établissement d’une unité chargée des données et de la migration afin de faciliter la compréhension des modèles de migration liés à la transhumance et de renforcer les capacités de prévention des conflits à Falaba. 

« Il convient de souligner que la création de l’unité chargée des données vise avant tout à renforcer l’appropriation et l’intervention proactive de la communauté. Nous espérons que, grâce à ces efforts, davantage d’informations seront collectées et partagées pour que le conseil soit informé en temps utile », a déclaré le Dr Emmanuel Kallon, responsable national de projet, données et rapports à l’OIM Sierra Leone.  

L’OIM a engagé le Conseil de district de Falaba pour la mise en place d’une unité chargée des données et de la migration afin de faciliter la compréhension des modèles de migration liés à la transhumance à travers Falaba. Photo OIM 2022/Alfred Fornah.

À Faranah, du côté guinéen, les données sont régulièrement collectées par les agents communautaires grâce à l’outil de suivi de la transhumance (Transhumance Tracking Tool -TTT) de l’OIM, opérationnel dans trois des sous-préfectures de Faranah.

Le TTT collecte des données clés sur la transhumance, afin de fournir des informations relatives aux mouvements internes et de transhumance le long des corridors observés dans le district de Falaba et la préfecture de Faranah. La collecte d’informations est essentielle pour faciliter les mécanismes d’alerte précoce et de prévention des conflits.

L’intervention permettra également de finaliser la construction et la rénovation de plusieurs postes frontières, notamment KoinduKura dans le district de Falaba en Sierra Leone et Heremakonon dans la préfecture de Faranaya du côté de la Guinée. Ces postes facilitent la circulation ordonnée des personnes et des biens à travers la frontière. 

« La création d’une unité chargée des données sur la migration (Migration data Unit) au sein du conseil de district arrive à point nommé et permettrait de combler les lacunes en matière d’information sur les conflits liés à la transhumance dans le district. La construction d’infrastructures frontalières fiables et durables à Koindukura ne renforcera pas seulement la sécurité frontalière dans cette zone, mais elle est également importante pour le développement économique », a déclaré M. Ibrahim Sorie Sesay, président du conseil de district de Falaba.

À Faranah, du côté guinéen, les données sont régulièrement collectées par les agents communautaires grâce à l’outil de suivi de la transhumance (Transhumance Tracking Tool -TTT) de l’OIM, opérationnel dans trois des sous-préfectures de Faranah.

Le TTT collecte des données clés sur la transhumance, afin de fournir des informations relatives aux mouvements internes et de transhumance le long des corridors observés dans le district de Falaba et la préfecture de Faranah. La collecte d’informations est essentielle pour faciliter les mécanismes d’alerte précoce et de prévention des conflits.

L’intervention permettra également de finaliser la construction et la rénovation de plusieurs postes frontières, notamment KoinduKura dans le district de Falaba en Sierra Leone et Heremakonon dans la préfecture de Faranaya du côté de la Guinée. Ces postes facilitent la circulation ordonnée des personnes et des biens à travers la frontière. 

« La création d’une unité chargée des données sur la migration (Migration data Unit) au sein du conseil de district arrive à point nommé et permettrait de combler les lacunes en matière d’information sur les conflits liés à la transhumance dans le district. La construction d’infrastructures frontalières fiables et durables à Koindukura ne renforcera pas seulement la sécurité frontalière dans cette zone, mais elle est également importante pour le développement économique », a déclaré M. Ibrahim Sorie Sesay, président du conseil de district de Falaba.

Cet article a été rédigé par Alfred Fornah.  

Assistant en communication et relations publiques à l’OIM Sierra Leone 

Email : afornah@iom.int